VaudDes crémations déjà payées qui ne seront jamais honorées
Cinq mois après la dissolution de la Société vaudoise de crémation, les membres n’ont toujours pas été remboursés, mais les services funéraires ne sont plus assurés.

- par
- Xavier Fernandez

Actuellement, une grande majorité de Vaudois optent pour la crémation (photo prétexte).
Créée il y a plus d’un siècle, la Société vaudoise de crémation (SVC) s’était fixé pour objectif de démocratiser un rite funéraire qui, à l’époque, n’était que rarement choisi. Pour devenir membre, il fallait payer une taxe d’entrée, déterminée en fonction de l’âge des adhérents. Le moment venu, la SVC prenait en charge les frais liés à la crémation de ses membres. En un siècle, les mentalités ont changé. Aujourd’hui, une grande majorité de Vaudois se tourne vers la crémation. C’est pourquoi la SVC a décidé de se dissoudre, le 24 octobre dernier, cela également pour stopper «l’hémorragie des charges».
«Le montant revenant à chaque membre ne pourra être déterminé qu’une fois toutes les dettes de l’association arrêtées
Reste que le remboursement se fait attendre. En octobre, il était question de faire don des excédents à Pro Senectute, aujourd’hui rien ne garantit que les membres pourront toucher l’intégralité des sommes dues. «Le montant revenant à chaque membre ne pourra être déterminé qu’une fois toutes les dettes de l’association arrêtées, dont l’impôt lié à la liquidation», explique la SVC. Et cette dernière ne donne, pour l’heure, aucune précision. «Nous devons traiter les retours de plus de 4000 membres de manière individuelle et égale. À ce stade de la procédure, et dans l’attente d’une décision de l’administration fiscale, nous ne sommes pas en mesure de communiquer des chiffres», justifie la SVC.
Aucune date n’est d’ailleurs avancée pour le remboursement des membres. «Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce soit avant la fin de l’année, mais nous ne pouvons pas garantir que ce sera possible», commente la SVC. Cerise sur le gâteau, depuis sa dissolution, la société ne gère plus les crémations. Autrement dit, s’il arrive quelque chose aux membres, leurs familles devront prendre en charge les funérailles, malgré les milliers de francs versés et, pour l’instant, pas remboursés.
Désespéré de toucher son argent
La vie n’a jamais fait de cadeau à Maurice. Alors, quand la Société vaudoise de crémation (SVC) a annoncé sa dissolution et que les membres seraient remboursés avec intérêts, le sexagénaire a cru apercevoir un rayon de soleil dans sa grisaille quotidienne. C’est que Maurice avait versé 1400 francs à la SVC il y a près de vingt ans. «À l’époque, j’avais un peu d’argent de côté et, le décès de mon père m’ayant fortement ébranlé, je voulais que tout soit réglé pour le jour où je partirais. Mais actuellement je n’ai même plus de téléphone, car je n’arrive plus à payer mon abonnement. Cet argent me ferait le plus grand bien, mais on refuse de me le rendre», témoigne le Vaudois.