Stock d’armes détruitDes éditorialistes de LCI se déchaînent sur la Suisse et Alain Berset
Un débat sur la neutralité suisse a donné lieu à bon nombre de critiques contre notre pays. Sans aucun représentant suisse pour la défendre.
- par
- Yannick Weber
La Suisse met à la poubelle son système de défense Rapier alors que l’Occident cherche à armer l’Ukraine: l’info n’est pas passée inaperçue à l’étranger. Lundi, sur la chaîne d’info LCI, les commentaires ont fusé. Pas un Suisse sur le plateau, mis à part une incursion enregistrée du conseiller national Damien Cottier (PLR/NE), qui apporte un peu de contexte.
Les invités ont été déconcertés par une phrase d’Alain Berset, dans la «NZZ» dimanche, qui dit que «les armes suisses ne doivent pas servir dans des guerres» et qui a été largement critiquée en Suisse aussi. «Alors où? Dans des fêtes foraines? Des feux d’artifice?» a tourné en dérision le journaliste Vincent Hugeux. «Les armes servent toujours à faire la guerre, sinon, ce n’est pas la peine d’en avoir», a aussi vilipendé la journaliste franco-ukrainienne Marianna Perebenesiuk.
La Suisse «veule»
«Le cas de l’invasion de l’Ukraine est tellement noir ou blanc, le doute n’est pas permis. Laissons un peu de temps et d’effort aux Suisses, et j’espère qu’ils arriveront à une position qui leur sera bénéfique sur le plan moral», estime la journaliste. «La neutralité, c’est vite l’autre nom de la veulerie», a abondé son confrère. «Faire semblant que la guerre n’existe pas ne fait pas partie des valeurs suisses», surenchérit Marianna Perebenesiuk.
Deux experts en géopolitique ont amené un peu de nuance. «D’un point de vue moral, c’est évident qu’ici, à Paris, on ne comprend pas. Mais il faut respecter le débat démocratique en Suisse, auquel on n’a pas grand-chose à reprocher», a dit Olivier Kempf. «C’est un scandale, mais la Suisse ne peut pas changer ses règles du jour au lendemain. Elle aurait peut-être dû commencer à y réfléchir il y a un an», a estimé Dominique Trinquand.
«Comme une assurance vie»
Les armes ne servent à rien à part pour la guerre? Un internaute suisse n’est pas d’accord: «Les armes ne doivent pas servir, c’est comme les assurances vie ou les arsenaux nucléaires», estime-t-il. Il y a plusieurs clans. Les pro-Russes, qui louent la position de la Suisse. Les souverainistes, qui disent qu’elle a bien le droit de défendre ses intérêts avant ceux des autres. Et les pro-Ukrainiens, qui n’y vont pas par quatre chemins. «Si les Suisses avaient des couilles, ça se saurait», lit-on. Ou encore: «Les Suisses sont plus astucieux dans le domaine financier…»
Erreur sur la date
Il y a aussi eu quelques inexactitudes pendant la discussion. Une journaliste de LCI a dit que la décision de se débarrasser des Rapier avait été prise fin 2022 «en catimini». Le présentateur David Pujadas a enchaîné et laissé entendre que «ce n’est pas un hasard» et que la Suisse le faisait exprès, pour être certaine que ces armes ne seront pas envoyées en Ukraine. Or la décision date de 2020, avant la guerre, et a été motivée par le fait que ces systèmes sont vieillots. Juridiquement, il n’y a d’ailleurs aucun doute sur le fait que la Suisse aurait pu les transmettre à l’Ukraine, puisque ces armes sont britanniques.