Coup d’État en BirmanieDes manifestants appellent à un «printemps révolutionnaire»
«Notre chemin mène à la démocratie!»: dans plusieurs régions de Birmanie, des milliers de manifestants dimanche.

Cette photo prise le 2 mai 2021 de source anonyme montre des étudiants participant à une manifestation contre le coup d'État militaire lors du «Global Myanmar Spring Revolution Day» («printemps révolutionnaire») à Mandalay.
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs régions de Birmanie, certaines espérant un «printemps révolutionnaire», trois mois après le coup d’État de la junte contre le gouvernement civil. Depuis février, malgré une répression sanglante, des manifestations quasi quotidiennes ébranlent le pays, une vaste campagne de désobéissance civile – avec des milliers de travailleurs grévistes – paralyse des secteurs entiers de l’économie et des opposants, passés dans la clandestinité, ont formé un gouvernement de résistance.
Un groupe rebelle appelle à l’unité des factions insurgées
Un important groupe rebelle de l’est de la Birmanie a appelé dimanche les autres factions insurgées à unifier leurs rangs face à la junte, trois mois après le coup d’État qui a renversé la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi. Cet appel de l’Union nationale Karen (KNU), l’une des principales factions rebelles de Birmanie, intervient alors que ce groupe est engagé dans des combats avec les militaires.
Des rassemblements se sont encore formés dimanche matin très tôt à Rangoun, des manifestants radicaux appelant à l’avènement d’un «printemps révolutionnaire». Des jeunes se sont notamment rassemblés à un carrefour de la capitale économique avant de défiler rapidement dans les rues. Ils se sont vite dispersés pour éviter l’affrontement avec les forces de sécurité. «Notre chemin mène à la démocratie!» ont-ils scandé, avec trois doigts levés en signe de résistance. «Notre chemin mène à la chute de la dictature militaire!»
Autres régions
Des centaines de personnes ont aussi défilé dans la région de Mandalay, au centre, avec en tête de cortège des moines en robe safran, portant le drapeau de la Ligue nationale de la démocratie (LND), le parti de l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi.
La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 n’a pas été vue en public depuis son arrestation lors du putsch qui l’a renversée le 1er février. Elle est depuis assignée à résidence. Dans l’État Shan, au nord-est, les forces de sécurité sont intervenues contre des manifestants dans la localité de Hsipaw, faisant au moins un mort. «Il a été touché à la tête et est mort sur le coup», a déclaré un manifestant qui a dit avoir dissimulé le corps de son ami pour éviter que les forces de sécurité ne l’emmènent. «Elles demandent le corps mais nous ne le donnerons pas. Ses funérailles auront lieu aujourd’hui», a-t-il dit à l’AFP. Des explosions ont également retenti dans la matinée dans plusieurs zones de Rangoun.
Près de 760 civils sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces trois derniers mois et quelque 3500 sont en détention, d’après une ONG locale, l’Association pour l’aide aux prisonniers politiques (AAPP). La junte, qui soutient que l’AAPP est une organisation illégale, affirme de son côté que 258 manifestants sont morts, de même que 17 policiers et sept militaires.