Sécheresse exceptionnelle: Des restrictions d'eau seront inévitables

Les quelques averses tombées par ci par là mercredi ne changent rien à la sécheresse actuelle qu'il ne sera pas possible de surmonter avant l'été. Après les interdictions d'allumer des feux, des restrictions d'eau paraissent inéluctables dans certains cantons.

Dans le canton du Jura, que son sol karstique rend particulièrement vulnérable à la sécheresse, deux distributeurs d'eau sur une vingtaine au total sont déjà branchés sur une «eau de secours», a indiqué mardi à l'ATS Jacques Gerber, chef de l'Office des eaux et de la protection de la nature.

Il s'agit ainsi d'éviter l'assèchement des petits affluents, a-t-il expliqué. Concrètement, ces distributeurs «prennent l'eau chez les voisins».

Depuis trois semaines, une observation régulière a été mise en place au niveau des petits affluents pour voir si les débits nécessitent d'effectuer des pêches de sauvetage. «Cela ne semble pas être le cas pour l'instant, même si les débits sont effectivement très faibles», a indiqué M. Gerber.

Des contrôles sont prévus tous les 2-3 jours. Le niveau de pollution, que les faibles débit d'eau pourraient aggraver est également surveillé.

«La situation actuelle est celle d'un été sec, voire très sec. On ne peut pas encore parler de sécheresse comme en 2003, mais nous sommes très en souci. Il manque deux mois de pluie, les nappes phréatiques ont déjà leur niveau d'été et la situation ne pourra pas être rétablie d'ici là».

D'éventuelles restrictions d'utilisation sont du ressort des distributeurs d'eau, a précisé M. Gerber. Une notice de prudence leur a été envoyée la semaine dernière.

Le canton de Vaud s'apprête lui à décréter «d'ici une semaine à dix jours» une interdiction de pompage pour l'agriculture dans les rivières où une autorisation est nécessaire, en coordination avec le canton de Fribourg. Au total une cinquantaine de cours d'eau sont concernés, a indiqué Yves Chatelain, du service des eaux, en charge de la sécheresse.

«On commence à atteindre les débits minimum, qui vont de 50 à 400 litres d'eau par seconde selon les rivières. Trois ou quatre rivières, notamment, commencent à devenir très basses», a-t-il précisé.

Une autorisation provisoire peut être délivrée pour les rivières qui dépassent les débits minimaux. La situation sera réévaluée chaque semaine, voire chaque jour.

Aucune péjoration n'a été constatée à ce stade au niveau de la pollution, qui fait l'objet de contrôles réguliers. Dans le canton de Fribourg la semaine dernière, deux ruisseaux ont été victimes de fuites de purin. Dans l'une d'elle, en Singine, plusieurs centaines de poissons ont été tués.

Au niveau fédéral, l'Office de l'environnement (OFEV) fait état de «valeurs basses, mais jamais extrêmes» concernant les cours d'eau. Les cantons, habilités à autoriser ou non des pompages, doivent garantir un débit résiduel de 50 litres par seconde pour les petits cours d'eau.

Des dérogations peuvent êtres consenties en cas de manque d'eau, pour des prélèvements limités dans le temps. Certains cantons ont utilisé cette possiblité en 2003.

(ats)