Berne: Des tests de paternité après chaque naissance?

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BerneDes tests de paternité après chaque naissance?

Le fondateur d'un groupe d'entraide sur Facebook demande qu'un test de paternité soit effectué automatiquement après chaque naissance.

N. Glaus/ofu
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N. Glaus/ofu
En Suisse, les tests de paternité ne peuvent être effectués qu'à condition que toutes les personnes concernées  la mère, le père et l'enfant (s'il a plus que 15 ans)  aient donné leur accord.

En Suisse, les tests de paternité ne peuvent être effectués qu'à condition que toutes les personnes concernées la mère, le père et l'enfant (s'il a plus que 15 ans) aient donné leur accord.

Selon des experts, il existe dans chaque classe d'école au moins un enfant dont le père n'est pas son père biologique. Un constat qui incite le président du groupe d'entraide sur Facebook «Kuckucksvaterblogs», Ludger Pütz, à demander à l'Etat d'effectuer des tests de paternité systématiquement après chaque naissance. Son but: chaque enfant doit savoir qui il est et d'où il vient. «Les pères non biologiques et les enfants développent une relation entre eux et un jour la vérité fait surface. Tout est alors remis en question.» Selon Ludger Pütz, ces situations peuvent provoquer des catastrophes émotionnelles tant chez le père que chez l'enfant. Le président de «Kuckucksvaterblogs» note également qu'il est très difficile pour un père biologique de voir son enfant si un autre homme a déjà été inscrit comme étant son père légal et que la mère refuse tout contact.

«Inégalité entre hommes et femmes»

Oliver Hunziker, président de männer.ch l'association des pères et des mères responsables, ne serait pas opposé à une introduction de test de paternité automatique à chaque naissance: «Cela permettrait d'éviter un bon nombre de disputes et de discussions. De nos jours, certains hommes risquent leur relation pour savoir s'ils sont bien le père biologique de l'enfant.» Au niveau du droit, il existe, selon Oliver Hunziker, une grande inégalité entre hommes et femmes. Les hommes n'ont pas le droit de faire un test de paternité. Un test n'est légal que lorsque la femme - «qui risque de ne pas toujours être honnête» - a donné son accord. En Suisse, les tests de paternité ne peuvent en effet être effectués qu'à condition que la mère et le père aient donné leur accord. Lorsque l'enfant a plus de 15 ans, il doit également donner son aval (voir encadré). Les tests effectués secrètement sont interdits en Suisse et représentent une infraction poursuivie d'office. Par ailleurs, les tests qui n'ont pas été demandés par un juge sont irrecevables devant la justice. Lorsqu'un couple marié a un enfant, le mari est automatiquement inscrit comme étant le père biologique.

Tests «exagérés et pas nécessaires»

Le président de la faîtière des organisations suisses d'hommes et de pères, Markus Theunert, est lui aussi de l'avis qu'il existe en Suisse une grande inégalité entre hommes et femmes dans ce domaine: «De nos jours, seuls les intérêts de la mère sont protégés. C'est inacceptable.» Malgré cet état de fait, Markus Theunert n'est pas convaincu qu'un test de paternité automatique soit la bonne solution. «Ce n'est pas le rôle de l'Etat de faire connaître la vérité aux couples. Si les personnes concernées n'ont aucun doute, alors il n'y a pas de raison pour que l'Etat s'immisce.» Il propose à la place d'accorder le droit aux pères d'effectuer un test de paternité sans qu'ils aient besoin de demander l'autorisation à la mère.

Les tests de paternité automatiques «sont exagérés et pas nécessaires», estime pour sa part Anna Hausherr, de la Fédération suisse des familles monoparentales.

Pas de statistiques officielles

En Suisse, il n'existe pas de chiffres officiels concernant le nombre d'enfants qui ne sont pas du père qui les élève. Plusieurs experts évaluent néanmoins leur nombre à environ 10%. Selon un article publié en 2011 dans la revue médical «The Lancet», 1 enfant sur 30 (soit 3%) dans le monde ne serait pas de son père déclaré. Le département de recherche en généalogie de l'Université de Niort (F) mènerait actuellement une étude sur la paternité effective des bambins en partenariat. Parmi les 3210 couples père-enfant sétant portés volontaires pour un test de paternité, 21% nont aucun lien génétique. Le site internet, Science étonnante, le taux varierait entre 13 et 53%.

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«Garantir la protection de la personnalité»

«Les tests génétiques, qu'ils concernent une maladie ou la paternité, ne peuvent être effectués qu'avec l'accord des personnes concernées. C'est ce qui est défini dans la constitution», explique Peter Forster, juriste auprès de l'Office fédéral de la santé publique. Selon lui, cette réglementation est surtout censée garantir la protection de la personnalité.

Lorsqu'un père souhaite contester la paternité, une procédure civile est lancée. «Le tribunal peut ensuite décider de demander un test de paternité, même si la mère n'est pas d'accord. De manière générale, une plainte doit être déposée dans les cinq ans qui suivent la naissance de l'enfant», affirme Peter Forster. Les plaintes déposées plus tard sont uniquement acceptées dans des situations exceptionnelles.

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