Paul Ryan face à Joe BidenDeux styles, deux visions de l'Amérique
Les candidats à la vice-présidence des Etats-Unis vont s'affronter jeudi lors d'un débat.

Le duel entre le républicain Paul Ryan (à gauche) et le démocrate Joe Biden suscite un grand intérêt après la contre-performance de Barack Obama face à Mitt Romney la semaine passée.
Le président sortant est apparu étrangement passif face à son rival mercredi dernier lors de leur première confrontation. Barack Obama a rarement contesté les affirmations d'un Romney offensif qui, contre toute attente, l'a largement emporté. Les deux hommes vont se retrouver les 16 et 22 octobre.
Le débat entre candidats à la vice-présidence est généralement secondaire dans la campagne présidentielle. Il appartient au vice- président sortant Joe Biden, 69 ans, tribun redoutable mais aussi gaffeur invétéré, de mettre en exergue les contradictions et inexactitudes supposées de Mitt Romney et du camp républicain.
«Réparer les dégâts»
«Biden a l'occasion de réparer une partie des dégâts subis» par le camp démocrate après la première joute entre les rivaux présidentiels, juge David Steinberg. Ce spécialiste de la communication politique à l'université de Miami est aussi formateur aux débats télévisés.
«La principale tâche du vice-président sera de vérifier les faits. Il peut ainsi dire: voyons, voilà ce qu'a dit le gouverneur Romney la semaine dernière et voilà pourquoi c'est faux», explique David Steinberg.
«Il ne s'agit pas de changer les esprits, mais d'inverser la tendance», ajoute le stratège démocrate Chris Kofinis. «Le vice- président devra être très agressif et battre en brèche les arguments des républicains. Il ne peut se permettre de laisser Ryan contrôler le débat comme Romney l'a fait.»
Faux pas
Dans cet exercice, Joe Biden se montre généralement à l'aise, sans toutefois toujours éviter l'écueil des bons mots qui fâchent. Il a ainsi mis Obama dans l'embarras récemment en évoquant «l'accablement» de la classe moyenne au cours des quatre dernières années, soit la durée du mandat du président démocrate.
Joe Biden voulait évoquer la récession qui a débuté sous la présidence de George W. Bush, mais les républicains ont immédiatement exploité le faux pas. Alan Schroeder, de la Northeastern University, reconnait cependant un avantage indéniable à Joe Biden par rapport à son adversaire.
«Il a un truc pour lui dans un débat, c'est son sens de l'humour», dit-il. Joe Biden sait mettre les rieurs de son côté, une qualité qui lui a souvent attiré les faveurs des classes populaires.
Forte pression
«Romney et Obama sont tous deux plutôt dépourvus d'humour, et Paul Ryan n'a pas montré qu'il pouvait être désopilant. Biden a donc la possibilité d'apporter de la fantaisie et du spectacle au débat afin de le rendre plus intéressant», note Alan Schroeder.
A 42 ans, Paul Ryan pourrait aussi pâtir de son inexpérience des grandes joutes télévisuelles. «Là, c'est du haut niveau et Ryan joue dans une division où il n'a aucune expérience. Il sera donc lui aussi sous très forte pression», juge cet historien des débats présidentiels.
(ats)