Succession: Diaz-Canel, vers une nouvelle ère à Cuba?

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SuccessionDiaz-Canel, vers une nouvelle ère à Cuba?

Si Raúl Castro quitte bien le pouvoir en 2018, le premier vice-président est de facto favori pour la succession à la tête de l'île.

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L'urne funéraire a traversé Santiago de Cuba jusqu'au cimetière. C'est la que les funéraille de Fidel Castro se déroulent. (Dimanche 4 décembre 2016)

L'urne funéraire a traversé Santiago de Cuba jusqu'au cimetière. C'est la que les funéraille de Fidel Castro se déroulent. (Dimanche 4 décembre 2016)

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Le président cubain Raul Castro s'est engagé à «défendre la patrie et le socialisme» lors d'une cérémonie d'hommage tenue à la veille des funérailles de Fidel Castro. (Samedi 3 décembre 2016)

Le président cubain Raul Castro s'est engagé à «défendre la patrie et le socialisme» lors d'une cérémonie d'hommage tenue à la veille des funérailles de Fidel Castro. (Samedi 3 décembre 2016)

AFP
La caravane a paradé dans les artères de Santiago, le long desquelles se sont massés des dizaines de milliers de Cubains venus scander «Je suis Fidel! Je suis Fidel!» (Samedi 3 décembre 2016)

La caravane a paradé dans les artères de Santiago, le long desquelles se sont massés des dizaines de milliers de Cubains venus scander «Je suis Fidel! Je suis Fidel!» (Samedi 3 décembre 2016)

Keystone

Avec la mort de Fidel Castro et le départ annoncé de son frère, Raúl, l'exécutif cubain s'apprête à changer de génération avec leur héritier putatif, Miguel Diaz-Canel. Ce dernier a été nommé en 2013 premier vice-président.

Le père de la révolution étant décédé vendredi à l'âge de 90 ans et Raúl Castro, son cadet de cinq ans, auquel il avait transmis le pouvoir en 2008, ayant promis de se retirer en février 2018, à l'issue de son second mandat, Miguel Diaz-Canel est de facto le favori pour la succession à la tête de l'Etat.

A 56 ans, il abaisse considérablement la moyenne d'âge de la direction d'un parti communiste, dont la survie dans l'ère postcastriste dépendra d'abord des jeunes générations. Il a d'ores et déjà pris des positions assez iconoclastes en ce qui concerne la liberté de la presse, sous tutelle depuis 58 ans, et l'accès à Internet, qui reste déplorable.

Pour le reste, on ignore tout de ses intentions, et son charisme est loin d'être à la hauteur de celui des Castro.

Position solide

Jusqu'ici, Miguel Diaz-Canel n'a guère dévié de la ligne du parti. Il ne s'est pas exprimé sur le sujet sensible de l'ouverture économique et politique ou celui des relations avec les Etats-Unis, que Raúl Castro et Barack Obama ont entrepris de normaliser il y a deux ans.

Son statut d'héritier semble toutefois solide et seul un grave impair pourrait l'empêcher d'accéder à la présidence, estiment les observateurs de la vie politique cubaine.

En bon enfant de la révolution, bien qu'il soit né après, il a su gravir les échelons de l'appareil politique sans afficher l'ambition qui en a trahi d'autres, comme Carlos Lage et Felipe Pérez Roque. Alors second vice-président et ministre des affaires étrangères, respectivement, ils ont été limogés en 2009.

Pour Christopher Sabatini, politologue à l'université de Columbia et spécialiste de Cuba, Miguel Diaz-Canel «a l'avantage d'avoir tenu plus longtemps que ses prédécesseurs» en tant qu'héritier putatif.

Au risque de paraître terne et insipide, il se montre soucieux de ne faire aucune ombre à Raúl Castro, et ses interventions publiques sont rarement marquantes.

Défi difficile

«Il a sublimé toute l'ambition qu'il pouvait avoir. On se demande donc quels seront son rôle et son pouvoir au sein de la vieille garde. Beaucoup pensent qu'il va faire la jonction entre la génération historique et la nouvelle. Ce sera un défi difficile à relever», estime Christopher Sabatini.

Son caractère réservé et la culture du secret toujours présente dans l'appareil d'Etat en font un inconnu en dehors des cercles dirigeants. A Washington, on avoue ne savoir que peu de choses à son sujet et, hormis chez lui, à Santa Clara, c'est un quasi-inconnu pour la plupart des Cubains.

S'il elle lui incombe effectivement, la tâche sera lourde que de succéder à un Fidel Castro débordant de charisme et à son frère, qui sait encore inspirer le respect aux militaires comme aux politiques.

Raúl Castro, fondateur des forces armées révolutionnaires, a été pendant 49 ans à la tête du ministère de la défense. Il restera premier secrétaire du parti communiste pendant trois ans à l'issue de son second mandat de président.

Premier civil de la révolution

Miguel Diaz-Canel «sera le premier président civil de la révolution et il devra gagner la confiance de l'armée», note Arturo Lopez Levy, ancien conseiller politique du gouvernement. C'est à vélo que Miguel Diaz-Canel a entamé son ascension vers les hautes sphères de la politique.

Lorsque la situation économique s'est fortement aggravée, il y a une vingtaine d'années, la plupart des Cubains ont été contraints de se rabattre sur la marche ou la bicyclette pour se rendre à leur travail. Les caciques du régime, eux, continuaient à se déplacer dans leur Lada.

Alors jeune chef de la fédération régionale du parti communiste, à Santa Clara, Miguel Diaz-Canel choisit, lui aussi, de pédaler.

«On était tous dans le pétrin et les gens voyaient le premier secrétaire à vélo. Il ne faisait pas cela pour son image, mais parce qu'il est comme cela. Il était très simple», assure José Antonio Fulgueiras, président du syndicat des journalistes de la province de Villa Clara.

Outre l'estime de ses concitoyens, son vélo lui assurait une grande discrétion quand il allait inspecter les entreprises publiques et la lutte contre la corruption est vite devenue son cheval de bataille.

Après neuf ans à la tête de la fédération de Villa Clara, il en a passé onze en tant que secrétaire général de la province d'Holguin, avant de devenir l'un des quatorze membres du bureau politique. C'est le 24 février 2013 que l'assemblée nationale l'a promu au rang de deuxième personnage de l'Etat. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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