Attentats de BostonDjokhar Tsarnaev condamné à mort
L'auteur des attentats de Boston en 2013, dans le nord-est des Etats-Unis, a été condamné vendredi à la peine capitale par un jury populaire.
Les jurés devaient être unanimes pour imposer la peine de mort à Djokhar Tsarnaev, 21 ans. Ils ont délibéré pendant 14 heures. Ils ont été unanimes pour six des 17 chefs d'accusation passibles de la peine de mort. L'accusé, jeune musulman d'origine tchétchène arrivé aux Etats-Unis à l'âge de 8 ans, n'a pas montré de réaction particulière à la lecture du verdict.
Les attentats de Boston, le 15 avril 2013, avaient fait 3 morts et 264 blessés. Deux bombes artisanales avaient explosé près de la ligne d'arrivée du célèbre marathon de la ville.
Djokhar Tsarnaev avait été reconnu coupable le mois dernier des attentats ainsi que de la mort d'un policier tué trois jours plus tard dans sa voiture. Des 30 chefs d'accusation retenus contre lui, 17 étaient passibles de la peine de mort. Les jurés ont été unanimes pour six de ces chefs d'accusation.
Peine capitale
S'agissant d'un acte grave de terrorisme, Tsarnaev, relevait de la justice fédérale. Boston est la capitale de l'Etat du Massachusetts (nord-est), lequel a aboli la peine de mort depuis 1984 et où personne n'a été exécuté depuis 1947.
L'ancien ministre de la Justice Eric Holder avait toutefois requis la peine capitale. Il avait souligné le caractère particulièrement haineux des attentats.
Les condamnations à mort fédérales sont rares aux Etats-Unis: c'est la 39e depuis 2004. Les exécutions le sont encore plus: quatre seulement depuis 1963.
Terroriste sans remords
Les procureurs avaient insisté sur le fait que Djokhar Tsarnaev la méritait. C'est un terroriste sans remords qui la mérite pour avoir tué des Américains innocents, avait déclaré l'accusation à la fin du procès mercredi, soulignant plusieurs facteurs aggravants.
Le procureur Steve Mellin avait aussi rappelé l'inscription ensanglantée découverte à l'intérieur du bateau où Tsarnaev avait été retrouvé, qui expliquait qu'il voulait venger les guerres américaines en Irak et Afghanistan, et les musulmans innocents tués. Il avait refusé de faire une différence entre les deux frères.
«Pas de remords, pas d'excuses. Ce sont les mots d'un terroriste convaincu d'avoir fait ce qu'il devait (...) Ses actions méritent la peine de mort», avait-t-il insisté, rappelant, photos à l'appui, les souffrances «épouvantables» des victimes et de leurs familles.
Circonstances atténuantes
La défense avait insisté sur le passé déraciné de Tsarnaev, né au Kirghizistan, ayant ensuite vécu au Daguestan, avant d'arriver aux Etats-Unis à l'âge de 8 ans. C'était le plus jeune de quatre enfants, «invisible» dans une famille où sa mère et son frère aîné, qu'il adorait, s'étaient radicalisés, et où le père était malade mental, avait souligné l'avocate Judy Clarke.
La défense a aussi plaidé les circonstances atténuantes. Elle avait demandé la réclusion à perpétuité pour un «enfant perdu», sous l'influence de son frère aîné Tamerlan, auto-radicalisé. Trois des jurés ont estimé dans le verdict qu'il était effectivement sous l'influence de son frère.
Pas de passé judiciaire
Certains jurés ont d'ailleurs admis des circonstances atténuantes, comme la maladie de son père et la radicalisation de sa mère, mais sans infléchir le verdict. Ils ont aussi reconnu que Djokhar n'avait pas de passé judiciaire, et avait des amis et des tantes en Russie qui l'aimaient.
Ce verdict est le premier échec pour Judy Clarke. Cette avocate a évité la peine de mort à plusieurs condamnés notoires aux Etats-Unis, dont l'auteur de l'attentat des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, Eric Rudolph, l'«Unabomber» Ted Kaczynski, et le Français Zacarias Moussaoui en liaison avec le 11-Septembre. (20 minutes/ats)