Gabon: Echec d'une tentative de coup d'Etat

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GabonEchec d'une tentative de coup d'Etat

Les autorités affirment avoir mis en déroute les mutins qui ont tenté de renverser le pouvoir au Gabon lundi matin alors que le président était à l'étranger.

Les militaires ont lu un message lundi à la radio d'Etat tôt lundi matin.

Les militaires ont lu un message lundi à la radio d'Etat tôt lundi matin.

Dr/Twitter

Une tentative de coup d'Etat menée par une poignée de soldats a échoué lundi au Gabon. Elle est survenue dans un pays dont le président, malade, est absent depuis deux mois et demi et où le gouvernement n'assure plus que les affaires courantes.

Le chef du commando, le lieutenant Ondo Obiang Kelly, commandant-adjoint de la Garde républicaine (GR) chargée de la protection de la présidence, a été arrêté et deux autres membres du commando ont été tués, a annoncé la présidence.

Un groupe de militaires est apparu lundi à l'aube à la radio-télévision nationale (RTG) appelant à un soulèvement et annonçant la prochaine formation d'un «Conseil national de restauration» de la démocratie.

«Situation sous contrôle»

Le chef du groupe «a été arrêté», selon la présidence. «La situation est sous contrôle». Les forces de sécurité ont «pris le bâtiment (de la radio) d'assaut, abattu deux membres du commando et libéré les otages», selon un communiqué.

Les forces de sécurité ont été déployées, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou. En revanche, l'internet était toujours coupé dans Libreville en soirée.

Une dizaine de militaires impliqués

M. Mapangou a parlé d'une dizaine de militaires impliqués dans la tentative de coup d'Etat. La présidence avait indiqué auparavant que six militaires étaient impliqués.

«Il ne sera toléré aucun trouble et aucune incitation à la haine ni à l'insurrection», a ajouté le porte-parole, invitant les Gabonais «à vaquer librement à leurs activités». La RTG a repris ses programmes lundi soir.

Condamnations

L'Union africaine a «fermement» condamné «la tentative de coup» d'Etat, réaffirmant «le rejet total par l'UA de tout changement inconstitutionnel de pouvoir».

Paris a également condamné cette tentative de coup d'Etat, appelant au «strict respect» de la Constitution dans cette ancienne colonie française et pays producteur de pétrole. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné la tentative de putsch et lancé un appel pour que tous les acteurs politiques suivent les moyens constitutionnels.

Appel à la jeunesse gabonaise

Le lieutenant Ondo Obiang Kelly s'est dit président d'un Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS). Deux militaires, coiffés des bérets verts de la GR et tenant des fusils d'assaut, se tenaient derrière lui lors de la lecture de son message.

Le mouvement «demande à tous les jeunes des forces de défense et de sécurité et à toute la jeunesse gabonaise de se joindre à nous», a déclaré le militaire en annonçant la prochaine formation d'un «Conseil national de restauration» afin de «garantir au peuple gabonais une transition démocratique» et «sauver le Gabon du chaos».

Ali Bongo au Maroc

Victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre, le chef de l'Etat, Ali Bongo Ondimba, âgé de 59 ans et dont la famille est au pouvoir depuis 1967, a été transféré au Maroc, où il poursuit depuis sa convalescence.

La vacance du pouvoir n'a pas été déclarée en l'absence du chef de l'Etat. La Cour constitutionnelle a transféré une partie de ses pouvoirs au Premier ministre et au vice-président.

Le 31 décembre, le président Bongo, affaibli, avait pris la parole de Rabat pour la première fois depuis son hospitalisation. Sa déclaration du nouvel an a été qualifiée par les militaires putschistes de «honte» pour un «pays (qui) a perdu sa dignité».

Les militaires putschistes ont dénoncé la «confiscation du pouvoir par ceux qui le 31 août 2016 ont fait assassiner nos jeunes compatriotes», en référence aux troubles qui avaient suivi la dernière présidentielle qui avait vu la réélection, contestée par l'opposition, d'Ali Bongo. (nxp/ats)

Cinq choses à savoir sur le Gabon

Le Gabon est un pays producteur de pétrole très affecté par la chute des cours. Il est gouverné depuis plus de 50 ans par la famille Bongo, père puis fils.

Il a été dirigé sans partage pendant 41 ans par Omar Bongo, décédé en 2009. Son fils Ali, absent du pays depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre, lui a succédé en 2006.

Petit pays d'Afrique centrale Le Gabon est situé en Afrique centrale en bordure de l'océan Atlantique. Il est frontalier du Congo-Brazzaville, du Cameroun et de la partie continentale de la Guinée équatoriale. Ce pays de 268'000 mètres carrés a une population estimée à 2,03 millions d'habitants (Banque mondiale 2017), dont 59% vivent à Libreville ou à Port-Gentil, la capitale économique. Un Gabonais sur deux a moins de 20 ans. C'est un pays très majoritairement chrétien, où vivent de nombreux musulmans.

Bongo au pouvoir depuis 50 ans Cette ancienne colonie française est considérée comme un des pays les plus stables de la région. Il a seulement connu trois présidents depuis l'indépendance en 1960. Le pays a été gouverné par Léon Mba de 1961 à 1967, ensuite par Omar Bongo Ondimba jusqu'à sa mort en 2009, puis par son fils Ali, réélu en 2016 lors d'un scrutin contesté, suivi de violences post-électorales.

Pilier de la «Françafrique» Parvenu au pouvoir avec l'aval de Paris, Omar Bongo Ondimba a été un des piliers de la «Françafrique». Cette expression est utilisée pour dénoncer un système de cooptation politique, réseaux occultes et chasses gardées commerciales mis sur pied après l'indépendance des colonies françaises d'Afrique noire. A partir de 2010, la justice française a cherché à savoir si les fortunes de plusieurs familles présidentielles africaines, dont celle d'Omar Bongo, avaient pu être bâties en France grâce à des fonds publics détournés de leur pays (affaire des «biens mal acquis»).

Chute des cours du pétrole Le Gabon, qui exploite du pétrole depuis les années 1960, a longtemps été qualifié de «petit émirat d'Afrique centrale». Avant la chute des cours du baril en 2015, l'or noir représentait 45% du PIB, une part tombée à 27% en 2017. La crise que connaît le pays depuis 2015 s'est traduite par du chômage, des grèves à répétition, des entreprises tournant au ralenti ou mettant la clé sous la porte et d'impopulaires mesures d'austérité pour les fonctionnaires.

Diversification Pour réduire sa dépendance pétrolière, le Gabon s'est lancé dans une diversification de son économie. Depuis son arrivée au pouvoir, Ali Bongo a par ailleurs multiplié les grands projets comme la construction d'infrastructures (routes et hôpitaux), mais aussi d'équipements de prestige parfois très critiqués. Malgré ses ressources naturelles, dont le manganèse, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale). Le pays est aussi recouvert à 85% par la forêt et une grande partie est morcelé en permis forestiers, hormis les 11% du territoire classés «parcs nationaux».

Forte industrie du bois L'industrie du bois représente près de 5% du PIB et 12% des exportations. Le secteur a généré 10'000 emplois entre 2010 et 2017, selon les chiffres officiels. Le pays est précurseur en Afrique en matière d'aménagement forestier, mais des ONG dénoncent des pratiques répandues de blanchiment de bois et d'exploitation illégale. Les forêts abritent également une riche faune sauvage, avec des panthères, des buffles, des antilopes, des grands singes ou des éléphants. Mais ces derniers sont victimes depuis plusieurs années d'une explosion du braconnage. Nachricht per e-mail senden

(NewsXpress)

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