Genève: Scolarité allégée pour les futurs sportifs et artistes

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GenèveScolarité allégée pour les futurs sportifs et artistes

Le dispositif sport-art-études (SAE) va être refondé dès la rentrée 2020 afin de permettre aux élèves de mieux concilier leur double formation.

Maria Pineiro
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Maria Pineiro
La réforme devrait permettre de mieux concilier sport, art et études.

La réforme devrait permettre de mieux concilier sport, art et études.

Keystone/Salvatore di Nolfi

Des semaines de 50 heures, hors week-ends. C'est le lot des élèves genevois qui sont dans la filière sport-art-études, c'est-à-dire qui suivent une formation scolaire et qui pratiquent une activité intense en dehors des cours. «C'est un parcours qui est lourd, admet Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat chargée du Département de l'instruction publique (DIP). En moyenne, ces jeunes pratiquent leur activité treize heures par semaine, auxquelles il faut encore ajouter quatre heures de déplacements.»

Le dispositif actuel va de l'école primaire à l'Université, avec des aménagements différents pour chaque ordre scolaire. Nombre de problèmes ont été relevés autant par les parents, les clubs que les enseignants, souligne le DIP. Ainsi, la charge scolaire, la prise en compte des spécificités de ces parcours ou encore le manque de reconnaissance de la double formation. Le futur système qui entrera en vigueur dès la rentrée 2020 prévoit de pallier ces défauts.

Si les enfants du primaire verront leurs horaires allégés, le grand chambardement concernera essentiellement l'école secondaire. Les élèves de la filière SAE du cycle, aujourd'hui regroupés dans des établissements particuliers, iront désormais à l'école dans leur quartier. «Ce qui évitera des déplacements supplémentaires et permettra une socialisation proche du domicile», s'est réjouie Anne Emery-Torracinta. Des classes spécifiques seront créées au cycle et dans le secondaire II.

Quatre après-midis de libre

A partir de la rentrée prochaine, les élèves du cycle et du secondaire II seront libérés quatre après-midis par semaine afin qu'ils puissent aller s'entraîner ou s'exercer à leur art. Cela est rendu possible, a précisé le DIP, par la professionnalisation des structures, notamment la création de dix centres cantonaux de la relève sportive qui permettent de se préparer durant la journée. Pour ce faire, l'horaire a été allégé. Au cycle d'orientation, il passe à 25 ou 26 périodes contre 28 précédemment et 33 pour les élèves ordinaires.

Changement de paradigme pour le secondaire II. Les élèves seront regroupés dans des établissements particuliers selon la formation choisie et des classes composées uniquement des sportifs ou d'artistes. Dans quelques établissements et les centres de formation professionnelle, les élèves de la filière SAE pourront être scolarisés dans des classes ordinaires avec des plannings aménagés individuellement. L'horaire sera également allégé à 25 ou 27 périodes. Pour compenser, les classes seront plus petites: 16 élèves. Cela permettra d'avancer plus rapidement, a analysé Anne Emery-Torracinta.

Mais on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs. Les élèves qui choisiront la filière SAE verront leur choix d'options scolaire quelque peu restreint. Ainsi, ils n'auront, par exemple, pas la possibilité de faire du latin au cycle et ne bénéficieront pas de toute la palette de choix au secondaire II.

Clubs satisfaits

Le futur dispositif, élaboré en collaboration avec les partenaires sportifs ou artistiques, leur a été présenté lundi. Les réactions ont été très positives selon le DIP. «Nous allons enfin pouvoir offrir à nos jeunes talents la possibilité d'avancer dans deux formations, avec les mêmes chances dans l'une comme dans l'autre, s'exclame Mattia Petrini, responsable de la filière SAE au Servette FC. C'est une véritable révolution. Nos joueurs vont pouvoir se former, s'entraîner et rentrer chez eux à l'heure à laquelle rentrent leurs camarades d'école.» Même son de cloche du côté des hockeyeurs. Laurent Pechkranz, directeur de l'association Genève futur hockey, estime que «ce changement fera le plus grand bien. L'uniformité de l'horaire permettra de mieux s'organiser et donnera un rythme aux jeunes. Les élèves s'entraîneront l'après-midi. Ils auront ainsi la tête reposée le matin pour étudier».

«On ne brade pas l'école et on ne va pas fabriquer des pros», a conclu Anne Emery-Torracinta.

Des disciplines hétérogènes

La filière SAE regroupe autant les jeunes sportifs que les mélomanes ou encore les danseurs. Chaque discipline a sa spécificité et des exigences différentes. Sans surprise, ce sont les footballeurs qui sont le mieux représentés à l'école genevoise: ils sont plus de 120 sur les quelque 550 élèves intégrés dans la filière. Les adeptes du ballon rond et les jeunes hockeyeurs trustent les places. Rien d'étonnant donc, à ce que la 60% des élèves inscrits en SAE soient des garçons. Au niveau de l'investissement demandé, les activités sont aussi inégales. Ainsi, les jeunes plongeurs consacrent 22h hebdomadaires à leur passion. Les lutteurs, eux, s'entraînent 8h heures par semaine.

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