Energie: EDF va s'emparer d'Edison

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EnergieEDF va s'emparer d'Edison

Après des mois de bataille, EDF va pouvoir mettre la main sur l'électricien italien Edison. Il devra cependant abandonner Edipower, filiale d'Edison dont il convoitait certains actifs.

EDF, qui détient déjà près de la moitié d'Edison, grimpera à 80% du capital du groupe italien.

EDF, qui détient déjà près de la moitié d'Edison, grimpera à 80% du capital du groupe italien.

Le géant français de l'électricité a dévoilé mardi un nouvel accord de principe avec les coactionnaires italiens d'Edison, devant lui permettre d'en prendre le contrôle comme il tentait de le faire depuis le début de l'année.

Ce compromis prévoit qu'EDF, qui détient déjà près de la moitié d'Edison directement et indirectement, grimpera à 80% du capital du groupe italien moyennant 700 millions d'euros (856 millions de francs). Il lancera aussi une OPA sur le reste d'Edison.

En échange, les coactionnaires d'Edison, regroupés au sein de la holding Delmi, vont récupérer la totalité d'Edipower, joyau du groupe italien dont EDF convoitait les actifs gaziers. Ils débourseront 800 millions d'euros pour acquérir les 50% d'Edipower actuellement détenus par sa maison mère, plus 20% appartenant à Alpiq.

EDF et ses partenaires, qui signeront un accord définitif au plus tard le 15 février, ont mis à profit la trêve de Noël pour résoudre leur querelle.

Champion national

La semaine dernière, les coactionnaires italiens, regroupés au sein de la holding Delmi, avaient fait voler en éclats un précédent schéma, qui prévoyait une montée progressive d'EDF jusqu'à 80% du capital d'Edison, et surtout un partage des actifs de sa filiale Edipower.

Alors qu'EDF, qui veut faire d'Edison un pôle gazier, devait récupérer des centrales à gaz exploitées par Edipower, Delmi avait réclamé l'intégralité de la filiale, dans le but de construire un second champion national de l'électricité, aux côtés du numéro un Enel.

Les Italiens avaient opéré ce revirement avec la bénédiction du gouvernement de Mario Monti. Au printemps, le gouvernement, alors dirigé par Silvio Berlusconi, avait fait capoter une précédente tentative de prise de contrôle d'Edison par EDF.

S'il renonce au final aux actifs gaziers d'Edipower, le groupe français s'estime tout de même largement gagnant. Via Edison, «nous prenons le contrôle d'un ensemble proche de 8 gigawatts de capacité», a souligné son directeur financier, Thomas Piquemal, faisant également remarquer qu'Edipower générait moins d'un dixième du résultat d'exploitation d'Edison.

Patriotisme économique

Cette prise de contrôle va par ailleurs conforter les ambitions du géant français, qui veut porter son parc de production d'énergie à 200 gigawatts d'ici 2020 (contre 158 l'an dernier). De plus, Edison fournira à Edipower au moins la moitié de ses besoins en gaz pendant six ans.

Côté italien, cet accord a ravi le ministre du Développement économique Corrado Passera, qui avait soutenu l'ultimatum sur Edipower, et s'était entretenu jeudi dernier du dossier avec le patron d'EDF Henri Proglio.

Il s'est dit «particulièrement satisfait» de voir naître grâce au rapprochement entre Delmi et Edipower «le deuxième producteur national d'énergie électrique». «Avec le président Proglio nous avons partagé une vision commune du marché et j'ai eu confirmation de sa part de l'engagement à long terme d'EDF en Italie», a-t-il ajouté.

M. Passera, lorsqu'il dirigeait la banque Intesa Sanpaolo, avait tenté de faire dérailler le rachat du groupe laitier Parmalat par Lactalis, au nom du patriotisme économique, alors que les rachats de groupes italiens par des français se sont multipliés ces dernières années. (ats)

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