Présidentielle française: Enquête ouverte sur Penelope Fillon

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Présidentielle françaiseEnquête ouverte sur Penelope Fillon

L'épouse du candidat de la droite est accusée par un journal d'avoir bénéficié d'emplois fictifs. La justice s'en mêle.

Penelope Fillon.

Le candidat de droite à la présidentielle française, François Fillon, a été éclaboussé mercredi par l'ouverture d'une enquête visant sa femme, suspectée d'avoir bénéficié d'un emploi fictif comme attachée parlementaire de son mari.

L'enquête a été notamment ouverte pour «détournement de fonds publics», à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle, pour laquelle François Fillon est l'un des favoris.

Au coeur de la polémique, le fait que Penelope Fillon, sans profession connue et toujours en retrait des activités politiques de son mari, ait «perçu environ 500'000 euros bruts» entre 1998 et 2012, soit jusqu'à 7900 bruts mensuels, en tant qu'attachée parlementaire de son mari puis de son suppléant à l'Assemblée nationale, Marc Joulaud, selon l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné, qui met en doute la réalité de son travail.

Calomnie, selon Fillon

François Fillon a assuré mercredi soir que l'ouverture d'une enquête allait permettre «de faire taire cette campagne de calomnie et de mettre un terme à ces accusations dénuées de tout fondement».

«La séquence des boules puantes est ouverte», avait réagi mercredi matin l'ancien Premier ministre, avant l'ouverture de l'enquête par le parquet national financier, en refusant de commenter un article qu'il a jugé «méprisant et misogyne». «Alors, parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un seul instant qu'un homme politique dise qu'une femme, comme le dit cet article, ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient!», avait-il ajouté.

La pratique d'employer des proches est répandue dans le monde politique en France. Elle est légale tant que l'emploi n'est pas fictif. En 2014, de 10 à 15% des 900 parlementaires faisaient travailler un membre de leur famille portant le même nom qu'eux. Mais concernant Penelope Fillon, même des collaborateurs du parti Les Républicains de François Fillon n'avaient pas connaissance jusqu'à présent de cet emploi.

Interrogés mercredi soir lors d'un débat télévisé sur cette affaire, les deux candidats en lice pour le second tour dimanche de la primaire de la gauche, l'ancien Premier ministre Manuel Valls et l'ex-ministre Benoît Hamon, sont tombés d'accord pour interdire l'emploi par un parlementaire d'un parent proche. De son côté, le vice-président du parti d'extrême droite Front national, Florian Philippot, a demandé à François Fillon, «candidat autoproclamé de la probité» de s'expliquer.

«Jamais travaillé avec elle»

Président de l'Assemblée de 2007 à 2012, et secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer est venu à la rescousse de Penelope Fillon: «Je l'ai souvent vue participer à ses travaux. Je l'ai vue dans de multiples circonstances, y compris à l'Assemblée nationale», a-t-il assuré.

Pourtant, une collaboratrice de Marc Joulaud, interrogée par Le Canard Enchaîné, dit n'avoir «jamais travaillé avec elle» et ne la connaître «que comme femme de ministre». «Elle a travaillé, paraît-il, pendant huit ans. Ca veut dire des milliers de gens rencontrés, ça veut dire des milliers de mails échangés (...) qui peuvent attester de sa présence auprès de son mari comme collaboratrice (...). On attend tout ça», a commenté le patron des députés socialistes, Olivier Faure.

Ces allégations tombent mal pour l'ancien Premier ministre conservateur du président Nicolas Sarkozy, donné pour l'heure gagnant de la course à la présidence à l'issue d'un duel au deuxième tour avec la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

Différentes règles en Europe

«Ce candidat qui n'arrête pas de dire (...) les fonctionnaires sont des fainéants, (...) les pauvres, les chômeurs sont des assistés , la réalité de sa pratique (...) c'est qu'il a aussi engagé sa femme dans le cadre d'un emploi fictif», a attaqué le candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot.

En Europe, les règles concernant l'emploi par les parlementaires de membres de leur famille diffèrent selon les pays. Comme en France, la pratique est répandue en Grande-Bretagne. Ainsi, «environ 150 députés sur 650» emploient actuellement un membre de leur famille, le maximum autorisé.

En Allemagne, en revanche, la loi prévoit que les députés du Bundestag ne peuvent en aucun cas utiliser l'enveloppe mensuelle de 20'780 euros destinée à leurs collaborateurs pour rémunérer «époux, épouse ou conjoint actuel ou passé». Au Parlement européen, l'emploi de parents et membres de la famille par les députés est interdit depuis 2009. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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