Hong Kong: Entreprises prodémocratie menacées de boycott

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Hong KongEntreprises prodémocratie menacées de boycott

Les appels à boycotter les firmes soupçonnées de soutenir les manifestants prodémocratie se multiplient dans les médias d'Etat. Parmi elles Cathay Pacific.

Parmi les cibles privilégiées de cette campagne orchestrée par Pékin figurent la compagnie aérienne Cathay Pacific.

Parmi les cibles privilégiées de cette campagne orchestrée par Pékin figurent la compagnie aérienne Cathay Pacific.

Keystone

Les médias d'Etat chinois, relayés par des réseaux sociaux étroitement contrôlés, ont multiplié les appels à boycotter des entreprises soupçonnées de soutenir les manifestants prodémocratie qui envahissent quotidiennement les rues de Hong Kong. La ville connaît sa plus grave crise depuis 1997.

Parmi les cibles privilégiées de cette campagne orchestrée par Pékin figurent la compagnie aérienne Cathay Pacific, une maison de thé taïwanaise et le fabricant japonais de Pocari Sweat, une boisson énergétique très populaire.

«Les quatre péchés de Cathay Pacific Airlines», titrait la semaine dernière le Quotidien du peuple, l'organe de presse du parti communiste au pouvoir, en énumérant des actions des personnels du groupe considérées comme favorables au mouvement de contestation.

Hong Kong connaît sa plus grave crise depuis sa rétrocession à Pékin par Londres en 1997, avec une vague de manifestations parfois violentes en cours depuis deux mois.

Manifestants à l'aéroport de Hong Kong

Des manifestants pro-démocratie donnent le coup d'envoi de trois jours d'action en occupant le hall de l'aéroport d'Hong Kong, dans le but de générer du soutien de la part des passagers internationaux arrivant dans la ville.

Des «criminels violents»

Après avoir obtenu la suspension d'un projet décrié d'extraditions vers la Chine, les manifestants ont élargi leur revendications, réclamant désormais davantage de démocratie.

La contestation ne faiblit pas à Hong Kong

Des manifestants prodémocratie se rassemblent à Hong Kong pour défiler dans le quartier de Tseung Kwan O, au lendemain de heurts avec la police dans un quartier touristique.

Faisant écho aux critiques du pouvoir pékinois, les médias d'Etat chinois ne cessent de dénoncer des manifestations «radicales» organisées par des «criminels violents». Les réseaux sociaux chinois, contrôlés par la «grande muraille informatique» érigée par les censeurs du régime, ont pris le relais.

Le site de microblogs chinois Weibo diffuse ainsi la campagne #BoycottCathayPacific (boycottez Cathay Pacific), qui a généré plus de 17 millions de vues et 8000 commentaires. Une partie du personnel de Cathay Pacific s'est jointe au mouvement de contestation. Le syndicat des personnels de bord de Cathay Pacific a apporté son soutien aux manifestants.

«Ces 50 derniers jours, le gouvernement a ignoré les revendications du peuple et a eu recours aux forces de police pour tenter d'étouffer des voix, poussant de nombreux Hongkongais au désespoir», a-t-il protesté sur sa page Facebook.

«Un rôle honteux»

La réaction du pouvoir de Pékin ne s'est pas fait attendre. «Cathay Pacific a figuré à plusieurs reprises dans les troubles à Hong Kong, jouant un rôle honteux», s'est insurgée la ligue de la jeunesse communiste sur son réseau social.

Et la direction générale de l'aviation civile chinoise a exigé vendredi que la compagnie empêche que les personnels soutenant le mouvement pro-démocratie soient affectés à des vols reliant la Chine continentale ou traversant son espace aérien.

Une règle à laquelle Cathay Pacific se pliera, a promis samedi son directeur Rupert Hogg dans un message aux employés. «Nous sommes, de par la loi, obligés de nous conformer aux règlements» de l'aviation civile chinoise, d'autant que «les vols vers la Chine continentale font partie de notre coeur de métier», a-t-il expliqué.

La compagnie a également annoncé avoir suspendu l'un de ses pilotes, inculpé pour participation à des émeutes, et limogé deux autres employés pour des faits liés apparemment au mouvement de protestation.

Haro sur bubble tea

Autre entreprise dans la ligne de mire de Pékin, Yifang, la franchise taïwanaise de «bubble tea» (mélange de thé froid ou chaud parfumé de perles de tapioca). Un de ses magasins à Hong Kong aurait exhibé une pancarte encourageant les manifestants pro-démocratie, avant d'être vandalisé, selon la presse locale.

Une campagne appelant au boycott de cette marque, #bubbleteaboycott, a enregistré 230 millions de vues sur Weibo, a rapporté le Global Times, un quotidien anglophone considéré comme proche du pouvoir chinois. «Je n'achèterais pas de bubble tea, même si je devais mourir de soif», s'est emporté un des utilisateurs de Weibo.

Le fabricant japonais de la boisson Pocari Sweat, Otsuka, s'est également retrouvé mêlé au mouvement de contestation. Des manifestants prodémocratie ont salué la décision du groupe de retirer une de ses publicités de la station de télévision hongkongaise TVB, à laquelle les protestataires reprochent une couverture favorable à Pékin.

Face à des appels au boycott, la filiale de l'entreprise en Chine continentale s'est fendue d'un communiqué assurant qu'elle fonctionnait de manière séparée de sa branche à Hong Kong, en vertu du principe «un pays, deux systèmes». (nxp/ats)

(NewsXpress)

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