GenèveEtudiants employés aux crédits par l'Université
Un projet pilote permet à des universitaires de s'impliquer dans la vie de leur faculté et, en échange, d'obtenir des points pour leur bachelor.
- par
- David Ramseyer

Le professeurs Marcel Paulssen (à droite) et ses étudiants Igor Ljachowic, Efrem Negusse, Malak Atellah et Nikita Perfeniouk (derrière).
«Ça m'a tout de suite séduit, s'exclame Nikita Perfeniouk, 21 ans. Je ne l'ai pas fait pour obtenir des crédits, mais pour mettre en pratique mes cours théoriques. Je voulais effectuer quelque chose de concret et d'utile, qui laisse une trace». Le jeune homme a récemment pris part à un projet pilote de la Faculté d'économie et management (GSEM) de l'Université de Genève. Mis en place en 2016, il va encore se développer l'an prochain.
Emmagasiner de l'expérience
Sélectionnés sur dossier, les étudiants participent à des recherches, organisent des événements pour leur faculté ou aident des camarades en difficulté scolaire. Ces tâches - soit environ 4 à 5 heures par semaine sur un semestre - leur permettent de décrocher 3 crédits d'étude à faire valoir pour leur bachelor, ainsi qu'un certificat de travail.
«On apprend à se servir de logiciels spécialisés utilisés dans nos futurs domaines professionnels», apprécie Malak Atellah. «Nous collaborons beaucoup avec nos enseignants, souligne un autre étudiant, Efrem Negusse. Cela nous permet de tisser un réseau.»
Plus ambitieux
A l'origine du projet, le professeur Marcel Paulssen s'est lancé car il estimait que «les interactions entre le corps enseignant et les étudiants étaient insuffisantes. Avec davantage de pratique, ils peuvent exprimer leur créativité et démontrer leur habilité». Aujourd'hui, une dizaine de jeunes universitaires participent à l'expérience, qui sera étendue l'an prochain. Les projets devraient être plus nombreux et durer plus longtemps, ce qui permettra aux élèves d'obtenir 6 crédits (ndlr: un crédit équivaut à un volume de travail de 25 à 30 heures).
Seule la GSEM bénéficie pour l'instant de ce projet pilote, «que nous suivons avec grand intérêt, indique l'Université de Genève. Son extension éventuelle à d'autres facultés sera envisagée à l'issue de son évaluation». Cette dernière pourrait être menée fin 2018.
Employés bon marché?
Pour l'heure, le professeur Marcel Paulssen est enthousiaste: «Je suis très satisfait et en plus, je dispose d'une aide pour mes travaux.» L'Université aurait-elle trouvé un moyen d'employer des étudiants à moindre frais? Non, répond-elle: «Nous investissons au contraire dans ces projets au travers de l'encadrement et de l'enseignement des professeurs.» L'alma mater note aussi que les tâches effectuées «s'apparentent aux exercices demandés dans un séminaire traditionnel, si ce n'est que les étudiants travaillent sur un cas réel plutôt que théorique».
Une «bonne idée» qui mérite réflexion
L'expérience genevoise n'est pas unique en Suisse romande, mais reste rare. Sur une base volontaire et après sélection, les étudiants en droit de l'Université de Fribourg peuvent devenir tuteur de leurs camarades. Une tâche qui rapporte de 4 à 6 crédits d'étude. Cette opportunité n'existe pas dans les autres facultés fribourgoises. A Lausanne, la Fédération des associations d'étudiants de l'Université n'a pas connaissance de projets similaires à celui développé au bout du lac. "Mais c'est une très bonne idée, souligne sa secrétaire générale Pauline Mottet. On va y réfléchir."