GenèveExpulsés, ils dénoncent l'Etat «qui cultive le vide»
Sommés de quitter leur logement pour des migrants, des étudiants ont manifesté devant une propriété du Canton, vide depuis des mois.
- par
- David Ramseyer

Une banderole noire accrochée à la barrière du foyer «Les Franchises», dans le quartier du Bouchet, affirme que «l'Etat cultive le vide». Propriété du Canton, la maison de trois étages est inoccupée depuis des années. Ce mercredi devant la bâtisse, le collectif étudiant Xénope a dénoncé les logements étatiques laissés vacants.
Parole contre parole
L'automne passé, celui-ci a été prié de quitter en juin 2017 la maison qu'il occupe à Malagnou. Possession de l'Etat, elle doit accueillir des familles de migrants. Mais en novembre dernier, le conseiller d'Etat chargé des finances aurait pourtant affirmé que si les étudiants trouvaient une maison vide disponible pour l'Hospice Général - qui gère les questions d'asile à Genève - le renouvellement de leur bail ne serait plus remis en question.
Si Serge Dal Busco nie avoir fait une telle promesse, l'association a tout de même décidé de prendre au mot le grand argentier et a listé plusieurs lieux vacants. Selon Irène, membre de Xénope, le Canton «préfère laisser des maisons inoccupées plutôt que d'y loger des populations dans la précarité. C'est un scandale».
Des reproches que balaie le porte-parole du Département des finances. «Ces jeunes gens sont désarmants de mauvaise foi», rétorque Roland Godel. Il indique qu'après avoir occupé la maison de Malagnou, le collectif «a signé en toute connaissance de cause un bail à durée limitée et non renouvelable qui a pris fin au 31 décembre 2016». Il a finalement été prolongé jusqu'en juin prochain.
Bras de fer pas terminé
Pour le Département, les jeunes «jouent sur le registre de la victimisation (...) en tentant de politiser un dossier qui n'a rien de politique». L'Etat affirme en outre que les lieux vides désignés par les étudiants font l'objet de projets concrets. La villa du Bouchet devrait ainsi accueillir une ONG.
Le bras de fer entre le collectif et l'Etat n'est en tous cas pas près de cesser. Membre de Xénope, Yvan indique qu'un départ des lieux qu'occupent actuellement les étudiants à Malagnou n'est pas à l'ordre du jour.
Etudiants interpellés
Peu après leur départ de la conférence de presse qui s'est tenue ce mercredi dans l'allée du foyer des Franchises, les membres du collectif ont été interpellés par la police. Ils dénoncent un contrôle abusif. Les forces de l'ordre jugent de leur côté que la rencontre avec les médias, sur le domaine public, s'apparente à une manifestation non-autorisée, passible d'une amende.