Assemblée constituante Faible affluence aux urnes en Libye
Les Libyens votaient jeudi pour élire une soixantaine de membres d'une Assemblée ayant pour mission de rédiger une Constitution pour le pays, privé d'une véritable Loi fondamentale pendant les 40 ans de dictature du régime de Mouammar Kadhafi.

Les bureaux ont ouvert à 08h00 (07h00 en Suisse) et devraient fermer à 19h00. A l'école Fatma al-Zahra, dans le quartier résidentiel de Hay al-Andalous à Tripoli, moins d'une centaine d'électeurs, sur 2760 inscrits avaient voté deux heures après l'ouverture du bureau de vote.
L'affluence était faible dans la matinée dans les bureaux de vote au terme d'une campagne électorale plutôt terne dans un pays qui reste très instable et en proie à l'insécurité, selon des journalistes de l'AFP. A la mi-journée, le taux de participation était de 18%, selon la Commission électorale, qui a précisé que 97% des bureaux de vote ont pu ouvrir leur porte jeudi.
Cinq bureaux de vote ont été en effet endommagés par des explosifs dans la nuit à Derna, fief de groupes extrémistes dans l'est libyen, quelques heures avant le début du vote, a annoncé la Commission. Selon des sources locales, ces attaques n'ont pas fait de victimes et visaient vraisemblablement à saboter le processus électoral.
A Tripoli, à l'école Fatma al-Zahra, dans le quartier résidentiel de Hay al-Andalous, moins d'une centaine d'électeurs, sur 2'760 inscrits avaient voté deux heures après l'ouverture du bureau. «Les gens préfèrent faire la grasse matinée. L'affluence sera plus importante cet après-midi», a assuré Ali Hassan, le chef du bureau. Ce jeudi a été décrété férié à l'occasion des élections et les bureaux de vote sont ouverts de 08H00 (06H00 GMT) à 19H00 (17H00 GMT). Les résultats définitifs devraient être annoncés «trois ou quatre jours après le scrutin», selon une source à la Commission électorale.
Délai d'inscription repoussé
Contrairement aux premières élections libres du pays en juillet 2012, les Libyens sont beaucoup moins enthousiastes. Seuls 1,1 million d'électeurs se sont inscrits pour ce scrutin, soit moins de la moitié qu'en 2012 et moins d'un tiers du total des électeurs potentiels. Les Libyens sont déçus des réalisations du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative issue des élections de 2012, qui a échoué à rétablir l'ordre dans un pays en proie à l'anarchie. La commission électorale a dû repousser à plusieurs reprises le délai d'inscription pour pouvoir dépasser le cap symbolique d'un million d'inscrits.
Le scrutin est, à priori, sans enjeux politiques. Officiellement, les partis politiques n'y participent pas et seules les candidatures individuelles ont été acceptées. Au total, 692 candidats sont inscrits pour ces élections, dont 73 femmes, selon la Commission électorale. Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir chargé plus de 40'000 policiers pour assurer la sécurité des quelques 1500 bureaux de votes. Le ministère de la Défense a indiqué de son côté avoir déployé à l'occasion 11'000 soldats. Jeudi, le chef de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), Tarek Metri a exhorté dans un communiqué les Libyens à «ne pas sous-estimer l'importance de ces élections» qui leur «offrent l'occasion de faire entendre leurs voix».
La Constitution qui devra être approuvée par référendum doit trancher sur des questions importantes comme la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia. Sur les 60 sièges de la future Constituante, six sont réservés aux minorités (Toubou, Amazigh et Touareg), et six autres aux femmes. Mais les Amazighs, qui devaient disposer de deux sièges, boycottent le scrutin pour protester contre l'absence de mécanismes garantissant leurs droits culturels dans la future Constitution. Dénonçant leur «exclusion», le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye a décrété jeudi «journée noire et de deuil dans les régions» amazighes, en particulier dans l'ouest du pays.
Coup de force
Dans un communiqué publié mercredi, le Conseil avait affirmé que les Amazighs ne reconnaîtraient pas la future Constitution. Le CGN est très critiqué et accusé d'avoir relégué au second plan sa mission de conduire le pays vers les élections générales et d'avoir retardé ainsi les échéances prévues pour la transition. Un coup de force de puissants groupes d'ex-rebelles exigeant la dissolution du CGN avait fait craindre mardi une annulation du scrutin de jeudi.
Des groupes armés avaient en effet donné un ultimatum au CGN pour quitter le pouvoir, sans entreprendre une quelconque action militaire. Des violences avaient perturbé le scrutin de 2012, notamment dans l'est, fief des islamistes radicaux et théâtre d'attaques quasi-quotidiennes contre les membres des services de sécurité. (afp)
Un blessé dans une attaque
Deux bâtiments liés à la chaîne de télévision privée Al-Aseema TV ont été visés jeudi à l'aube par une attaque à l'explosif faisant un blessé et des dégâts matériels, a indique à l'AFP un responsable de la chaîne. La résidence du propriétaire de la télévision ainsi qu'une maison abritant certains de ses journalistes située dans le même périmètre ont été touchées.
Il s'agit de la troisième attaque en moins de 10 jours contre cette télévision dont le siège a été la cible de tirs de roquettes RPG mardi pour la deuxième fois en une semaine causant d'importants dégâts matériels sans faire de victimes. «Un homme portant un turban est descendu d'une voiture qui est arrivée à toute vitesse et s'est arrêtée aux environs de 03H00 (01H00 GMT) devant la résidence du président du Conseil d'administration de la chaîne et le foyer des reporters. Il a jeté un engin explosif sur les deux bâtiments», a indiqué à un responsable sous couvert de l'anonymat.