Corée du SudFaire semblant de mourir pour mieux vivre son job
Contre le burn-out, le stress et le risque de suicide, certaines firmes optent pour des méthodes inattendues.
- par
- arg

C'est un drôle de stage, récemment suivi par une équipe de la BBC, qui est proposé derrière la façade banale d'un immeuble de bureaux de Séoul. Une quinzaine de collègues, hommes et femmes, sont réunis dans une salle et invités à revêtir une robe funéraire. Chacun a devant soi un petit pupitre et un cercueil. On s'applique d'abord à la rédaction d'une lettre d'adieux à ses proches (une boîte de kleenex est à portée de main), puis on se couche solennellement dans la bière de bois clair, refermée par une assistante.
Ici, le repos n'est pas éternel. Il ne durera que le temps de méditer sur le sens de la vie. Les participants «doivent accepter leurs problèmes, qui font partie de la vie», explique Jeong Yong-mun, l'ex-croque-mort qui a créé ce stage.
Une expérience choquante
«Entrer dans un cercueil est une expérience si choquante que cela reprogramme les esprits», se félicite Park Chun-woong, patron d'une firme de ressources humaines, qui a payé ce stage à ses employés. Ces derniers se disent ravis. «J'ai réalisé mes erreurs. J'essaierai de mettre davantage de passion dans mon travail et de me consacrer davantage à ma famille», explique l'un d'eux.
Les rituels sont en vogue dans les bureaux sud-coréens, où se pratiquent par exemple les exercices de stretching, de défoulement ou de rire collectif. Autant de moyens de dissiper le stress et la menace d'épuisement générés par une culture de compétition effrénée, au travail comme à l'école. La Corée du Sud a l'un des taux de suicide les plus élevés du monde.