GenèveFamilles précaires mieux accueillies par grand froid
La Ville disposera d'un nouvel espace nocturne pour parents et enfants, alors que le dispositif hivernal pour l'accueil des sans-abri est lancé.
- par
- David Ramseyer
A défaut d'avoir un vrai toit pendant l'hiver, certaines personnes sans domicile fixe pourront au moins passer la nuit «dans un lieu moins lugubre qu'un abri de protection civile», souffle la conseillère administrative Esther Alder. Chargée de la solidarité, la magistrate a annoncé ce jeudi l'ouverture d'un nouveau centre d'accueil pour sans-abri, en plus de ceux généralement prévus durant la période de froid. Il sera exclusivement dévolu aux familles.
Associée à l'Armée du Salut, la Ville prévoit d'héberger parents et enfants dans un espace réservé, à l'avenue de la Roseraie, près de l'hôpital cantonal. «Les préparatifs sont à bout touchant; il devrait ouvrir le 27 décembre», précise la magistrate. Situés en surface plutôt qu'en sous-sol pour les autres centres du dispositif hivernal, les lieux offriront 19 places. Ils seront plus confortables et la promiscuité y sera moins pénible.
Par ailleurs, les sans domicile fixe mineurs et seuls seront cette année dirigés vers le centre d'accueil de l'Etoile, géré par l'Hospice général.
La logique du thermomètre
Pour le reste, les abris PC de Richemont (100 places pour des personnes malades et les femmes) et des Vollandes (100 places pour les hommes) sont opérationnels. Ce dernier ouvrira dès ce jeudi soir, et ce jusqu'en avril prochain. Une prolongation peut être envisagée si les conditions météo le demandent, a souligné la Ville. En cas de forte affluence - mais en général, la capacité d'accueil se révèle suffisante - d'autres abris pourraient servir, aux Pâquis et aux Franchises.
La Ville s'est aussi félicitée de son partenariat avec la Croix-Rouge genevoise. Grâce à cette dernière, l'accueil nocturne des sans-abri ne s'est pas arrêté lorsque les températures sont remontées. L'institution a pris le relais au printemps dernier, jusqu'au déclenchement ces jours de l'hébergement d'urgence hivernal. Pour Esther Alder, «on sort ainsi de la logique du thermomètre, pour offrir la dignité nécessaire aux plus démunis».
Qui sont les sans-abri?
Difficile de dégager un profil type des personnes sans domicile fixe hébergées durant l'hiver. Les homme sont très majoritaires (85%) et principalement âgés de 40 à 65 ans. "Depuis quelques années, nous constatons qu'il y a de plus en plus de seniors", remarque Philipp Schroft. La majorité des sans-abri provient de Suisse et de l'Union européenne. "Le reste vient du monde entier", note le haut fonctionnaire.
Le dispositif en détail
L'hiver dernier, 1146 personnes sans domicile fixe ont trouvé refuge pour la nuit dans les structures ouvertes par la Ville. Cela a représenté un total de 23'105 nuitées. Les lieux sont accessibles de 19h15 à 8h (9h le dimanche) et offrent en plus d'un lit, un repas chaud et un petit-déjeuner, la possibilité de prendre une douche mais aussi l'accès à des soins médicaux de base et à un accompagnement social. En principe, les sans domicile fixe ne peuvent pas passer plus de 30 nuits dans les abris. "Mais selon les conditions météorologiques et les places disponibles, nous faisons évidemment preuve de souplesse", souligne Philipp Schroft, chef du service social de la Ville.
La Municipalité engage près de 2 millions de francs pour l'accueil hivernal des sans-abri.
Le numéro pour signaler une personne dormant dans la rue:
022 418 47 00