France - Féminicide du Puy-en-Velay: «Je suis coupable»

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FranceFéminicide du Puy-en-Velay: «Je suis coupable»

L’ex-compagnon de Sylvia B. a reconnu mercredi, au premier jour de son procès pour meurtre, avoir jeté la victime du haut d’un barrage en 2018.

Le procès de Ludovic D., accusé d’avoir tué son ex-compagne en 2018, en la jetant du haut d’un barrage, s’est ouvert mercredi devant les assises de Haute-Loire.

Le procès de Ludovic D., accusé d’avoir tué son ex-compagne en 2018, en la jetant du haut d’un barrage, s’est ouvert mercredi devant les assises de Haute-Loire.

AFP

Au premier jour de son procès pour meurtre aux assises de Haute-Loire, Ludovic D. a reconnu mercredi violences et menaces envers son ancienne compagne, jusqu’à commettre l’irréparable en novembre 2018, au moment même où la justice commençait à resserrer son étreinte sur lui.

«Je suis coupable et seul responsable de la mort de Sylvia», admet dès le début de l’audience l’accusé, visiblement intimidé mais au verbe délié, avant de demander «pardon» à la famille de la mère de ses trois enfants, aujourd’hui adolescents.

Mis en examen pour «meurtre sur conjoint ou ex» en décembre 2018, Ludovic D., chemise brune et barbe de trois jours, reconnaît avoir précipité son ex-compagne de 42 ans du barrage de Lavalette (Haute-Loire), haut de 33 mètres du côté des vannes.

Peur d’être évincé

Sur le déroulé des faits, après avoir beaucoup varié dans ses déclarations face aux enquêteurs, il s’en est tenu mercredi à un récit accablant et, selon lui, «le plus proche de la vérité»: «Je l’ai frappée à l’exploitation; je l’ai emmenée au barrage alors qu’elle était inconsciente et je me suis débarrassé de son corps.» L’autopsie a permis de confirmer que c’est la chute qui avait causé le décès de la victime.

Au moment du drame, le couple était séparé depuis plusieurs mois et entretenait des relations orageuses, mais restait associé dans un élevage de rongeurs (lapins, souris, cochons d’Inde) à Lapte (Haute-Loire).

Ludovic D. avait appris peu avant les faits l’existence d’un nouveau compagnon et il ressort de tous les témoignages que celui-ci se sentait «acculé», redoutant notamment d’être évincé de l’entreprise commune, a révélé l’instruction.

L’alcool, source de tensions

Confronté par la présidente Diane Amacker, l’éleveur évoque son alcoolisme, la fibromyalgie dont il dit souffrir dans ses muscles et articulations depuis 2007, et la dépression dans laquelle il avait fini par sombrer ces dernières années.

«Je buvais plus d’alcool pour supporter la dépression et les douleurs.» Cela «créait des tensions entre nous», raconte-t-il, appuyé à la barre face au jury.

Puis il évoque la séparation et le départ de sa femme et ses enfants le 13 janvier 2018. «Tout ce qu’on avait construit se délitait sous mes pieds. J’étais anéanti au fond de moi». Devant l’accusé, les parties civiles peinent à réprimer leur écœurement.

Un malaise qui franchit un nouveau palier lorsque est diffusé l’enregistrement d’une conversation téléphonique de l’ex-couple en mars 2008. «Si un jour je te vois vivre dans cette maison avec un mec, je vous crève», la menace-t-il. La conversation, émaillée de brutales invectives de l’accusé, est accompagnée d’un silence pesant dans la salle.

Réveil brutal, le cou serré par les doigts de Ludovic

Sylvia B. avait confié à son entourage qu’elle avait peur de Ludovic D. et que leur séparation après 18 ans de vie commune ne soit pas acceptée par son ex-compagnon. Alors que leurs rapports s’envenimaient toujours davantage, la mère de famille avait sollicité les gendarmes à deux reprises.

Une première main courante avait été déposée en avril 2018 pour un coup de pied aux fesses et un réveil brutal le cou serré par les doigts de l’homme, alors qu’ils habitaient encore ensemble. Ludovic D. s’en était alors tiré avec un rappel à la loi.

En juillet, elle porte plainte devant les gendarmes, racontant que son ancien compagnon l’avait menacée serpette à la main «comme s’il allait (lui) trancher la gorge».

Ludovic D. accepte d’abord une composition pénale, prévoyant dommages et intérêts et stage de sensibilisation. Une procédure, ouverte en cas d’admission de culpabilité, qui lui aurait permis d’échapper au procès. Mais le 9 novembre 2018, il revient sur sa décision et comprend dans la foulée qu’il passera en jugement, quelques heures à peine avant le drame.

«On n’a pas de droit de prendre une vie comme ça», s’est insurgé à la barre celui qui avait noué une relation amoureuse avec la victime, trois semaines à peine avant sa mort.

Le verdict est attendu vendredi. L’accusé encourt la réclusion à perpétuité.

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