IsraëlFeu vert à l'expulsion du directeur d'une ONG
La justice israélienne a approuvé l'expulsion du patron américain d'Human Rights Watch, en vertu d'une loi controversée de 2017.

Le 9 mai 2018, le ministère de l'Intérieur a annoncé mettre fin au permis de séjour d'Omar Shakir.
La Cour suprême israélienne a donné mardi son aval à l'expulsion d'Omar Shakir, citoyen américain et directeur de l'ONG Human Rights Watch (HRW) pour Israël et les Territoires palestiniens. Il est accusé de soutenir le boycott de l'Etat hébreu.
La décision d'expulser ou non Omar Shakir appartient désormais au gouvernement israélien. Celui-ci a mis fin en 2018 à son permis de séjour, sur la foi d'informations selon lesquelles il soutiendrait une campagne prônant le boycott d'Israël.
Si le gouvernement approuve à son tour son expulsion, Omar Shakir aura «20 jours pour partir et ce sera comme l'Iran, la Corée du Nord et l'Egypte qui bloquent l'accès des représentants de HRW» à leur pays, a-t-il déclaré, après la décision de justice.
Boycott économique, culturel ou scientifique
Il s'agira alors de la première expulsion de ce type en vertu d'une loi de 2017 autorisant l'expulsion des étrangers qui soutiennent le boycott d'Israël. Mais des personnes se sont déjà vu refuser l'entrée sur le territoire israélien en vertu de cette mesure.
Le 9 mai 2018, le ministère de l'Intérieur a annoncé mettre fin au permis de séjour d'Omar Shakir sur la foi d'informations selon lesquelles il est «depuis des années un militant du BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) soutenant le boycott d'Israël de manière active».HRW a démenti tout soutien d'Omar Shakir envers le BDS.
Bête noire des autorités israéliennes, le BDS est une campagne mondiale de boycott économique, culturel ou scientifique d'Israël destinée à obtenir la fin de l'occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens. Le gouvernement israélien considère qu'il s'agit d'une menace stratégique et dénonce l'entreprise de boycott comme une remise en cause de la légitimité d'Israël. Il accuse le BDS d'antisémitisme, ce que le mouvement dément.
Colonies illégales
HRW a expliqué qu'elle appelait les entreprises opérant dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée - jugées illégales par l'ONU - à cesser de le faire, estimant qu'elles contribuaient aux violations des droits humains.
Kenneth Roth, son directeur exécutif, a condamné la décision de la justice israélienne et prévenu que d'autres verdicts similaires suivraient. «La Cour suprême a déclaré dans les faits que la liberté d'expression en Israël ne couvre pas la défense des droits des Palestiniens», a-t-il estimé.
«Si le gouvernement expulse (Omar Shakir) pour avoir appelé les entreprises au respect des droits comme nous le faisons à travers le monde, on ne sait pas qui sera le prochain à être expulsé», dit encore M. Roth. (nxp/ats)