Fusil, poison et couteau pour éliminer l’époux cocu

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Canton de fribourgFusil, poison et couteau pour éliminer l’époux cocu

Une doctoresse qui avait tenté d’éliminer son mari en faisant croire à un suicide va rester en prison. Son recours a été rejeté par le Tribunal fédéral.

Selon la justice, cette femme a «tout fait pour ôter la vie à son mari».

Selon la justice, cette femme a «tout fait pour ôter la vie à son mari».

iStock/image prétexte

Condamnée en 2018 à 13 ans de prison pour tentative d’assassinat, Ana* avait fait recours au Tribunal cantonal fribourgeois. En 2021, cette Cour a réduit de quatre ans la peine et a confirmé le traitement psy de la doctoresse bipolaire. Le Tribunal cantonal a tenu compte de la détention d’Ana pendant 14 mois dans des conditions exécrables au Brésil, ses excuses et les montants versés à la victime pour le tort moral. En plus, une seconde expertise, au contraire de la première, a diagnostiqué un «trouble bipolaire sévère» et une  capacité à se déterminer «altérée par une phase maniaque». 

Peine réduite et argent réclamés

Assistée par deux avocats dont un ténor du barreau genevois, Ana a fait un recours au Tribunal fédéral (TF) pour demander une condamnation de 3 ans de prison, avec un sursis partiel de 18 mois et a réclamé une indemnité de 366’800 francs pour «détention ayant excédé la sanction et violation du principe de célérité». 

Choix entre poison et balle

Les juges de Mon-Repos ont rappelé qu’Ana ne contestait pas les faits mais la durée de la peine. Et les faits sont très graves. En effet, Ana et son amant ont parcouru 2000 km en voiture pour se présenter devant l’immeuble. Quand le mari a ouvert la porte, il a dû choisir entre boire la mixture ou recevoir une balle dans la tête. Il a ingurgité le liquide rosâtre avant de s’écrouler. Pendant qu’il semblait agoniser durant trente minutes, Ana lui prenait le pouls. Afin que le scénario du suicide reste plausible, elle a dissuadé l’amant d’achever le mari. 

Film d’horreur

Guidé par l’instinct de survie et l’énergie du désespoir, le mari s’est relevé et a tenté de fuir. L’amant lui a sauté dessus et l’a fait tomber avant de l’étrangler avec les jambes. Après avoir perdu connaissance, il a repris ses esprits et a de nouveau tenté de se sauver. Son rival l’a rattrapé dans le hall de l’immeuble, l’a frappé avant de le balancer en bas de l’escalier.

Pour donner du crédit à la thèse du suicide, Ana a entaillé le poignet du mari avec un couteau de cuisine pour qu’il se vide de son sang. Tenace et déterminé, l’homme au métabolisme extraordinaire a réussi à s’enfuir malgré les effets du poison. Il est descendu par un chéneau et s’est réfugié chez un voisin à 2h46 du matin. Quand la police est arrivée, Ana et son amant étaient loin.

Pour brouiller les pistes, ils ont laissé les pièces à conviction sur le parking de l’aéroport de Genève avant de rouler en voiture jusqu’à Paris-Orly d’où ils ont embarqué pour Madrid puis pour Rio de Janeiro. C’est lors d’une bagarre en pleine rue avec l’amant qu’Ana a été arrêtée par la police brésilienne en juillet 2014. Elle a été extradée en Suisse en septembre 2015.  

Le TF a estimé que ce n’est pas à tort que la cour cantonale a retenu que l’épouse  a «tout mis en œuvre pour ôter la vie de son époux» et que l’homme n’a survécu que grâce à «une résistance extraordinaire et un courage exemplaire». Le recours a été rejeté.

*Prénom d’emprunt

Un plan machiavélique 

C’est avec machiavélisme qu’Ana a préparé son plan pour mettre fin aux jours de son mari sans être incriminée. La médecin-assistante qui s’était mariée en 2013 avec son chef de service, de seize ans son aîné, a quitté la Suisse peu après l’union pour une formation au Brésil. En mars 2014, elle est revenue avec un homme présenté à son mari comme «un pote gay» cherchant du travail en Suisse. Le «pote gay», en réalité l’amant d’Ana, s’est installé au domicile conjugal de celui qui avait eu deux enfants d’un premier lit. Toute la famille et le «pote gay» ont voulu passer les vacances de Pâques chez les parents d’Ana au Portugal.

Pendant le voyage, Ana a contacté la famille du mari pour annoncer de prétendues envies suicidaires de celui-ci. Le frère et l’ex-compagne et mère des enfants du médecin se sont aussitôt rendus au Portugal. L’homme et sa famille sont repartis sans Ana et le «pote gay». Trois jours plus tard, le médecin a fait part de son intention de divorcer. Ana et son amant sont rentrés en Suisse en voiture. Dans leurs bagages, ils avaient des gants, un fusil et la mort-aux-rats… 

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(apn)

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