
Des chercheurs américains ont analysé du papier toilette, y compris recyclé, vendu en Afrique, en Europe occidentale ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud.
Santé et pollution en Europe et en AmériqueGare au PQ! Il pourrait provoquer le cancer
L’Université de Floride publie une étude qui prouve la présence de substances chimiques dans le papier toilette aux États-Unis et dans des proportions beaucoup plus importantes en France et en Suède.
- par
- Emmanuel Coissy
Les substances chimiques éternelles (forever chemicals) sont présentes dans de nombreux produits de consommation (cosmétiques, poêles antiadhésives, vêtements, articles pour enfants, culottes menstruelles). Elles sont également connues sous le nom de substances perfluorées (PFC) et polyfluoroalkylées (PFAS). Des liens ont été établis entre elles et certains cancers ainsi qu’une dégradation de la production de spermatozoïdes. Dans une étude publiée mercredi dans les «Environmental Science & Technology Letters» (éditées par l’American Chemical Society), des scientifiques de l’Université de Floride démontrent que le papier hygiénique en contient lui aussi.
Des concentrations élevées en France et en Suède
Avec l’aide de volontaires, les chercheurs ont analysé du papier toilette, y compris recyclé, vendu en Afrique, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, du Sud et centrale. Ils ont extrait les PFAS des échantillons ainsi que des eaux usées aux États-Unis. D’après leur conclusion, le papier hygiénique contient 4% des substances chimiques éternelles couramment présentes dans les systèmes d’assainissement américains et canadiens. Le taux est beaucoup plus élevé dans deux pays européens: 35% en Suède et 89% en France. Selon l’étude, ces substances sont utilisées lors de la transformation du bois en pâte à papier et le papier toilette recyclé peut également être fabriqué à partir de fibres provenant de matériaux contenant des PFAS.
Source de pollution
«La réduction des PFAS est nécessaire parce que les eaux usées et les boues d’épuration (les résidus provenant du traitement des eaux usées) sont couramment réutilisées pour l’irrigation et/ou l’épandage», indique Timothy Townsend, professeur en science de l’ingénierie environnementale, coauteur de l’étude. En Amérique du Nord, la proportion étonnamment basse de 4% laisse supposer que les substances chimiques éternelles pénètrent l’environnement par d’autres moyens. Selon le chercheur, ces données permettent de mieux comprendre d’où vient la pollution par les PFAS et d’être mieux équipés pour entreprendre des changements.