Suisse romandeL’e-trottinette séduit de plus en plus de «dames» et d’aînés
Depuis le Covid et la hausse du prix de l’essence, les deux-roues attirent de nouveaux publics.

Jenny, une Valaisanne de 49 ans, vient à Genève en train munie de son e-trottinette.
«On dirait des gamins à Noël. Ils sont tout excités quand ils viennent essayer les e-trottinettes.» Depuis l’ouverture du magasin KyssMyWheels à Lausanne (VD) il y a quelques mois, Mathieu Hoffmann voit défiler de plus en plus de seniors désireux d’acquérir une trottinette électrique. «Sur certaines, on met un siège et un panier. Les mamies adorent! On a des clients qui étaient en fauteuil électrique et sont passés à la e-trottinette. C’est plus maniable et moins encombrant. Dans une ville comme Lausanne, si vous ne voulez pas monter des milliers de marches ou prendre les transports publics, c’est obligatoire.»
«J’ai des clientes de 80 ans!»
Le spécialiste observe un autre changement: l’intérêt croissant des femmes entre 40 et 60 ans. «Ça leur permet de partir de la maison tip top classe et d’arriver au travail dans le même état. C’est un gros avantage.»
A l’instar de son homologue vaudois, Carole du magasin Tec&Way observe la même tendance à Genève. «On a vraiment beaucoup plus de dames. Certaines sont très, très âgées. J’ai des clientes de 80 ans. Il ne faut pas leur enlever leurs e-trottinettes», sourit l’experte, qui estime à environ 30% sa clientèle féminine de plus de 35 ans.
Jenny 49 ans, fan de trottinette électrique
Jenny, 49 ans, fait partie des adeptes de la première heure. «J’ai découvert ça il y a 4-5 ans lors d’un voyage. C’était génial. C’est pratique et écologique.» Mais cette année, la Valaisanne a poussé l’expérience plus loin. «D’habitude je l’utilise pour des petits trajets. C’est la première fois que je la prends pour le travail.» Ainsi, la quadragénaire, actuellement en formation au bout du lac, rallie Sion-Genève en train, puis enfourche son e-trott pour traverser la ville. «J’avais un peu peur au début, mais le trajet depuis la gare a été super agréable.»
Covid et inflation comme moteur
Envie de liberté, ras-le-bol des transports publics, budget serré, tous les professionnels s’accordent à dire que «ça a décollé avec le Covid». La récente hausse du prix de l’essence aurait, elle, amplifié le mouvement. «Aujourd’hui, il n’y a plus de tranches d’âge ou de classes sociales, constate Carole. Ça va du gamin de 15 ans au chef d’entreprise, en passant par l’ouvrier. Surtout à Genève, où on a tellement de problèmes pour se garer. Même les vélos galèrent! Les gens ont compris qu’économiquement, c’est avantageux.»
Objet faussement genré
La peur plus présente chez la gente féminine aurait freiné la conversion des femmes à ce mode de transport, selon Carole. Mais pas que… «Lorsque l’e-trottinette est arrivée, il y a tout de suite eu cette idée reçue qu’elle était destinée aux hommes. C’est devenu un objet genré, ce qui a freiné l’accès des femmes à ce produit», analyse Brice Lagnié de Bike World, à Gland (VD).
Une évolution réjouissante
A Renens (VD), Vanessa, gérante du magasin de trottinettes électriques Stelfia, constate que «l’acquisition se fait souvent en couple. Monsieur vient acheter et Madame se laisse tenter.» Quant aux retraités, qui représentent 20% de sa clientèle, «ils s’y mettent pour le loisir». Une évolution qui réjouit la quadragénaire, elle-même adepte du deux-roues, car «cela montre que ce moyen de transport n’est pas réservé aux jeunes».