AllemagneGrosse manifestation anti-islam à Dresde
Plusieurs milliers de manifestants affluaient dimanche dans la ville allemande, pour le premier rassemblement du mouvement Pegida depuis la démission de son leader.
Quelque 17 000 manifestants anti-islam se sont rassemblés dimanche après-midi à Dresde (est de l'Allemagne), selon la police, un chiffre en baisse pour le premier rassemblement du mouvement Pegida depuis la révélation de menaces d'attentat sur le cortège et la démission de son leader. Le gouvernement allemand a rappelé son inquiétude face au mouvement.
«Pour un pays souverain», «Honnêtes gens, soulevez-vous enfin !» ou «Merci Pegida» figuraient sur les pancartes brandies pour cette 13e réunion des «Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident», selon un journaliste de l'AFP sur place.
Dimanche, environ 5000 contre-manifestants se sont réunis à Dresde pour une Allemagne ouverte et tolérante.
Né le 20 octobre dernier dans cette ville bourgeoise et conservatrice d'ex-RDA, Pegida s'est réuni chaque lundi soir, par référence aux mouvements spontanés qui avaient précédé la chute du mur de Berlin fin 1989, jusqu'à rassembler un record de 25'000 personnes le 12 janvier.
Le mouvement a essaimé dans la plupart des grandes villes allemandes et provoque une vaste mobilisation contre lui. Il s'est vu interdire toute manifestation lundi dernier en raison d'un risque d'attentat visant son principal leader, Lutz Bachmann.
Steinmeier inquiet
Deux jours plus tard, M. Bachmann a annoncé sa démission après la publication dans la presse d'une photo le montrant grimé en Adolf Hitler, et la révélation de propos outranciers sur les réfugiés, laissant aux commandes Kathrin Oertel, 37 ans.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est inquiété dimanche de l'impact de Pegida sur l'image de l'Allemagne à l'étranger, dans une interview au quotidien «Bild».
«Que nous le voulions ou non: le monde regarde l'Allemagne avec beaucoup d'attention, précisément sur ces questions», a insisté le chef de la diplomatie. Frank-Walter Steinmeier a confié être «sans cesse interpellé là-dessus». Pour lui, «il est d'autant plus important que nous le disions, clairement et avec force: Pegida ne parle pas au nom de l'Allemagne».
Hausse des attaques islamophobes
Sur l'attitude à adopter à l'égard du mouvement, il est resté sur la même ligne que celle de la chancelière Angela Merkel, qui avait fustigé en début d'année le «coeur» rempli de «préjugés» et de «haine» des organisateurs tout en disant «comprendre» les marcheurs.
Samedi, le président du Conseil central des musulmans (ZMD), Aiman Mazyek, dénonçait sur le site internet de l'hebdomadaire «Focus» une hausse des attaques islamophobes en Allemagne, évoquant des «insultes» visant souvent les femmes voilées, du «vandalisme» contre les mosquées et des «violences» envers les imams. (afp)