GenèveHéberger un réfugié: même dans l’urgence, ça se prépare
Des œuvres d’entraide tentent de réduire le choc entre exilés traumatisés et familles d’accueil.
- par
- David Ramseyer

À l’Hospice général, un père et son fils, Ukrainiens vivant à Genève, accueillent une partie de leur famille arrivée d’Ukraine.
Les souffrances de la guerre, le trauma d’un exil brutal et soudain, le choc d’un voyage, peut-être sans retour. Héberger un réfugié ukrainien chez soi pour trois mois minimum n’a évidemment rien à voir avec la visite estivale de l’oncle d’Amérique. Un dispositif encadre et appuie donc les familles d’accueil inscrites sur la plateforme fédérale officielle. Dans le canton, une vingtaine d’entre elles abrite déjà des victimes de l’invasion russe.
L’appui d’assistants sociaux
Dans un premier temps, les Genevois inscrits pour recevoir ceux qui ont fui le conflit doivent renseigner sur leur situation personnelle (un extrait de casier judiciaire est ainsi exigé) et sur leur domicile. Un contrat garantit notamment la mise à disposition d’une chambre aménagée ainsi qu’un accès à la cuisine et aux sanitaires.
Ensuite, des assistants sociaux de Caritas, mandatée au bout du lac pour gérer l’accueil dans les familles, leur rendent visite pour préparer le terrain, explique Sophie Buchs, directrice de l’antenne cantonale de l’œuvre d’entraide. «Dans un monde idéal, ce serait avant que les réfugiés ne soient là. Mais actuellement, dans l’urgence, cela se fait aussi après. Souvent, il se passe moins de 24 heures entre le moment où une famille est déclarée éligible et l’arrivée chez elle d’une Ukrainienne et de sa fille, par exemple.»
L’important: cohabiter
Les entretiens ont pour objectifs de déterminer ce qui motive les hôtes, de répondre à leurs interrogations et les orienter vers des soutiens possibles en matière de scolarisation des enfants ou encore de réseau de soins. «Il est important que les familles ne s’épuisent pas dans leur accueil», appuie la responsable de Caritas. Il s’agit aussi de clarifier la cohabitation: «Le respect de l’intimité de chacun est important.» Mais également de déterminer qui peut faire quoi dans la maison. «Nous avons remarqué que les réfugiés tiennent tout de suite à savoir comment ils peuvent participer à la vie de leur famille d’accueil.»
La guerre, un sujet délicat
Concernant les problèmes de langue, les traducteurs en ligne «marchent assez bien»; mais Caritas peut également activer le réseau d’interprètes de la Croix-Rouge suisse ou s’adresser à des bénévoles enregistrés, qui parlent russe ou ukrainien.
Enfin, s’ils reçoivent de la documentation sur les traumatismes liés aux conflits armés et à l’exil, il est demandé aux hôtes de ne pas évoquer la guerre. «Ils ne sont a priori pas psys, relève Sophie Buchs. Les réfugiés peuvent être choqués, il vaut mieux les laisser aborder eux-mêmes la chose, s’ils le souhaitent.»