Argentine : Hermes Binner, candidat valaisan à la présidence

Actualisé

Argentine Hermes Binner, candidat valaisan à la présidence

Jamais dans l'histoire de l'Argentine la gauche n'est arrivée au pouvoir. Un médecin originaire de Rarogne, dans le Haut-Valais, veut tenter de vaincre ce signe indien qui poursuit le socialisme argentin depuis deux siècles.

Petit-fils d'immigré valaisan, Hermes Binner a lancé sa candidature aux élections présidentielles du 23 octobre.

Petit-fils d'immigré valaisan, Hermes Binner a lancé sa candidature aux élections présidentielles du 23 octobre.

Né en 1943 à Rafaela, dans la province de Santa Fé, Hermes Binner n'est pas un inconnu de la politique argentine, loin de là. A dix- huit ans, il intègre le parti socialiste tout en suivant ses études de médecine à la faculté de Rosario, capitale de la riche province de Santa Fé.

A quarante ans, le double national helvético-argentin est élu au conseil municipal, puis deux ans plus tard à la mairie de Rosario. Il est tout de suite apprécié pour son intégrité et son sérieux, «des qualités bien suisses» diront les Rosarinos, qui apprécient la décentralisation du système de santé et sa modernisation.

Austère, Hermes Binner peut faire valoir, chose rare en Argentine, des comptes équilibrés qui lui vaudront la victoire lors des élections pour le poste de gouverneur de la Province en 2007. Il devient alors le premier socialiste élu à ce poste dans l'histoire de l'Argentine et applique à la province la même politique que celle de sa ville de Rosario.

Si la popularité de Binner est croissante, il lui manque cependant une dimension nationale pour pouvoir prétendre à un destin présidentiel. Il l'obtiendra au mois de mai de cette année, lorsque aux élections pour sa succession son ami de toujours Antonio Bonfatti sera élu. Cette victoire retentissante est considérée par une majorité comme une réussite personnelle de Binner, qui le convainc de se lancer dans la course à la présidence.

Un socialisme réaliste

Hermes Binner devient alors le centre d'attention de tous ceux qui veulent en finir avec la dynastie Kirchner. Ainsi, le cinéaste de gauche, candidat malheureux aux dernières élections municipales de Buenos Aires, Pino Solanas et le fils du premier président radical post-dictature, Ricardo Alfonsin, proposent immédiatement une alliance avec le gouverneur de Santa Fé, sans succès.

Ils se sont tous deux heurtés à la ligne politique sans concession de Binner. «Si c'est pour faire comme les autres, ça ne sert à rien que je me présente», a-t-il déclaré suite aux négociations manquées. Car le socialisme de Binner est un socialisme «réaliste» qui accepte le concept d'économie de marché, «jusqu'à maintenant on n'a pas trouvé mieux».

Hermes Binner se définit dans la veine des Lula et Bachelet mais opposé aux Chávez, Correa ou Castro. «Fidel Castro est certes une figure mythique du continent, mais je ne comprends pas comment peut survivre une société sans économie de marché», a dit l'Helvético- Argentin.

Peu de chances, mais un projet

Son plus grand défi reste cependant la transformation d'un projet provincial en un projet national. Hermes Binner sait que ses chances d'accéder à la présidence sont faibles mais le candidat socialiste ne s'en émeut guère, «le but ce n'est pas tant de vaincre l'autre, sinon de proposer un projet de nation. Aujourd'hui l'Argentine n'en a pas, nous devons sortir de cette situation. Nous, nous sommes au début d'une construction».

Selon les derniers sondages, Crístina Kirchner arriverait largement en tête du premier tour, le 23 octobre, suivie à égalité par Ricardo Alfonsín et Hermes Binner. Aucun sondage concernant un éventuel deuxième tour n'a encore été publié.

(ats)

Ton opinion