CyclismeHirschi: «J'ai dépassé mes attentes»
A seulement 21 ans, Marc Hirschi, le protégé de Fabian Cancellara, découvre l'immensité des Championnats du monde sur route des «grands». Entretien en deux volets.
- par
- Robin Carrel ,
- Leeds

Le Suisse est un poids mouche (61 kg).
Marc, ça vous fait quoi de perdre officiellement votre maillot de champion du monde des M23, ce vendredi?
Ça va... Mais c'est quand même dur. Je n'aurais finalement jamais pu rouler avec! J'ai toutefois passé une jolie année et n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir, du coup. C'est dommage que ce soit déjà fini, c'est vrai. Ça n'a pas été une vraie frustration de ne pas le porter au quotidien... Ça aurait pu être encore plus joli si j'avais pu l'utiliser, c'est tout. Après, je cours sur le World Tour et ça, c'est bien mieux quand même.
A 21 ans, vous avez découvert le très haut niveau cette année, comment ça se passe?
La première partie de la saison, c'était bon, je pense. Après, j'ai fait une pause et je suis revenu aux affaires après m'être entraîné en altitude. Là, ces dernières semaines ont dépassé mes attentes (ndlr: il a notamment fini 6e du Tour d'Allemagne, 5e du BinckBanck Tour et surtout sur le podium à la Classique de San Sebastian). C'était vraiment bien et ça m'a surpris!
Comment s'est décidé le fait de courir avec les grands dimanche et pas vendredi, avec les moins de 23 ans?
Honnêtement, au départ, je pensais que j'allais courir avec les espoirs. Ensuite, après mes résultats des dernières courses, je me suis dit que j'avais le niveau des élites. C'est aussi une très bonne expérience pour mon futur, car le tracé fait près de 300 kilomètres. Il n'y a pas tant d'épreuves si longues que ça et ça peut m'aider dans l'optique des Jeux olympiques à Tokyo, par exemple. J'en ai discuté avec le sélectionneur Marcello Albasini, mais à la fin, ç'a vraiment été ma décision.
Mais une telle distance, ça vous fait quoi? Peur?
On ne peut pas dire que ce soit effrayant, non. Mais j'ai du respect pour un tel parcours, c'est sûr. Pour un jeune coureur comme moi, ce n'est pas commun de se présenter sur un tracé de 280 kilomètres. Les vieux, eux, on l'habitude (rires)! C'est sûr que ça va me permettre de progresser.
Les jeunes frappent toutefois fort à la porte, cette saison. Van Aert, Bernal, Evenepoel, Pogacar, van der Poel...
Les juniors de maintenant sont plus vite et plus professionnels qu'avant. On a les moyens de s'entraîner davantage et plus tôt que les anciennes générations. Pas mal de formations ont des équipes de développement, comme moi chez la Sunweb, et elles sont toutes aussi pros que le groupe qui évolue sur le World Tour. Les jeunes peuvent donc aller plus vite et plus loin qu'avant.
Mais qu'Evenepoel gagne déjà à 19 ans, alors qu'il faisait encore du football il n'y a pas si longtemps, dans l'histoire du vélo, c'est très rare!
Oui, lui, il me surprend. C'est juste exceptionnel. Ça doit faire maintenant deux ans qu'il fait de la bicyclette... Il est juste meilleur que les autres. C'est un don, c'est le talent, parce qu'il s'entraîne comme les autres.