Matériaux de constructionHolcim ferme plusieurs usines
Le ralentissement dans la construction touche Holcim de plein fouet. Le numéro deux mondial du ciment, qui a publié des résultats trimestriels déçevants, n'atteindra pas ses objectifs annuels et va fermer des usines.
Réduire ses coûts est désormais sa priorité.
Plusieurs facteurs adverses ont pesé au troisième trimestre. Le contexte économique mondial s'est dégradé plus fortement que prévu. Et plus particulièrement, la récession immobilière en Grande- Bretagne, aux Etats-Unis et en Espagne ainsi que la pression sur les marges en Inde, la force du franc et la flambée des coûts du transport et de l'énergie ont pénalisé les résultats, a expliqué mercredi à Zurich le cimentier st-gallois.
Chute du résultat d'exploitation
Sur neuf mois, le dauphin du français Lafarge a dégagé un chiffre d'affaires en repli de 4,7% à 19,34 milliards de francs. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires s'est réduit de près de moitié à 1,73 milliard, mais sur base comparable et hors effets extraordinaires, le recul se limite à 5,8% par rapport à 2007, année marquée par le désengagement en Afrique du Sud et en Egypte.
L'EBITDA opérationnel (résultat d'exploitation avant amortissements), principal indicateur pour le groupe, s'est contracté de 18,3% à 4,36 milliards de francs sur la période sous revue. Hors effets de change négatifs et changements dans le périmètre de consolidation, la baisse ressort à 5,2%.
Les problèmes rencontrés aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ainsi qu'en Espagne et en Inde ont amputé la croissance interne de l'excédent brut d'exploitation à hauteur de 600 millions de francs, a estimé le patron du groupe, Markus Akermann, devant la presse.
Stop aux investissements
Pour faire face à ce contexte difficile, la réduction des coûts est devenue l'objectif prioritaire du groupe pour conserver un bilan sain et un bon niveau de liquidités.
Dans ce cadre, Holcim annonce la clôture d'un site en Espagne (Torredonjimeno) et de deux sites aux Etats-Unis (Dundee et Clarksville). La fermeture de ces trois usines anciennes et lourdes à entretenir engendrera des licenciements et se répercutera à hauteur de 300 millions de francs sur le dernier trimestre.
Et d'autres fermetures sont à prévoir. «La situation sera examinée au cas, segment par segment», a indiqué Markus Akermann.
Le groupe donne aussi un coup de frein à son expansion, alors qu'il avait fortement investi ces dernières années pour accroître ses capacités. De l'ordre de 3,5 milliards en 2008, ils se réduiront à 2,8 milliards de francs l'an prochain, a précisé le CEO.
Objectifs en baisse
Holcim annonce aussi une nouvelle dégradation au dernier trimestre et revoit ses prévisions en baisse. Markus Akermann avertit que l'objectif annuel de 5% de croissance interne de l'EBITDA, largement dépassé les exercices précédents (&10,8% en 2007 sur base comparable), ne serait pas atteint. Fin août, le groupe tablait encore sur un EBITDA comparable à celui de 2007.
Quant à l'évolution générale des marchés, le groupe présent dans 70 pays relève que les Etats-Unis n'ont pas encore atteint leur plancher et que le Canada commence lui aussi à donner des signes de faiblesse. Les difficultés du marché américain vont aussi se répercuter sur l'Amérique latine.
En Europe du Sud et en Europe occidentale, le marché de la construction va continuer à s'essouffler, tandis que sur les marchés émergents de l'est et du sud-est, la croissance ralentira. La marche des affaires dans la zone Afrique et Proche-Orient devrait dans l'ensemble se maintenir à un bon niveau. En Afrique et en Océanie, des reculs sont à prévoir dans certains pays.
A la Bourse suisse, l'action Holcim a chuté dans un marché (SMI) en fort recul (-3,03%). A la clôture, elle cédait 10,53% non sans avoir décroché de quelque 12% en début d'après-midi. (ats)