France: Hollande renonce à la révision constitutionnelle

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FranceHollande renonce à la révision constitutionnelle

Le président français a fustigé l'opposition qui n'a pas suivi son projet de destitution de la nationalité, après les attentats de Paris.

François Hollande a annoncé mercredi qu'il renonçait à réviser la Constitution. Il a reconnu l'impossibilité d'unir l'Assemblée et le Sénat sur son projet de déchéance de la nationalité des auteurs d'actes terroristes, qui a divisé sa propre majorité.

«J'ai décidé (...) de clore le débat constitutionnel, mais je ne dévierai pas des engagements que j'ai pris (...) pour assurer la sécurité de notre pays et pour protéger les Français contre le terrorisme, c'est mon devoir et c'est ma responsabilité, je l'assumerai jusqu'au bout et avec la force nécessaire», a-t-il dit après avoir reçu les présidents de l'Assemblée et du Sénat.

Le président français a fustigé lors d'une brève déclaration à l'Elysée «l'attitude de l'opposition». Pour être adoptée, la révision constitutionnelle qu'il avait réclamée après les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts, devait être votée dans les mêmes termes par les deux chambres puis par les trois cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès.

Valls critique

Manuel Valls a déploré mercredi à l'Assemblée l'«incapacité» de la droite et de la gauche à se rassembler sur la réforme constitutionnelle, disant «regrette(r) amèrement» que la droite sénatoriale ait refusé la «main tendue» de la gauche.

«La droite sénatoriale s'oppose à une mesure que les Français ont parfaitement compris, l'extension de la déchéance de la nationalité (...) Une mesure voulue par l'opposition, une mesure que le président de la République et l'exécutif, dépassant les frontières partisanes, ont voulu mettre en oeuvre dans un souci d'unité (...) Cette main tendue a été refusée au Sénat et je le regrette amèrement», a accusé le Premier ministre lors des questions au gouvernement.

Accord sur un seul article

Dans un contexte de menace terroriste, députés et sénateurs étaient d'accord sur l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution et sur le premier des deux articles de la réforme. Mais ils divergeaient sur la question de la déchéance de nationalité.

Les députés y étaient majoritairement favorables pour toutes les personnes condamnées pour terrorisme, binationaux comme nationaux. Le Sénat, où la droite est majoritaire, était quant à lui partisan de la déchéance pour les seuls binationaux afin d'éviter toute apatridie.

Compromis «hors d'atteinte»

L'idée d'une inscription du seul état d'urgence dans la Constitution a par ailleurs été rejetée par les présidents des groupes Les Républicains (LR) des deux chambres.

«Quatre mois après», François Hollande constate «que l'Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un même texte et qu'un compromis paraît même hors d'atteinte sur la définition de la déchéance de la nationalité pour les terroristes. Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu'elle porte sur l'état d'urgence ou même sur l'indépendance de la magistrature, je déplore profondément cette attitude», a dit François Hollande.

Même du côté des socialistes, on pensait qu'il valait mieux renoncer, à l'image de Patrick Mennucci, rapporteur du projet de loi constitutionnelle.

La «perpétuité réelle»

Au débat sur la déchéance s'est greffé celui sur la «perpétuité réelle», qui permettrait de renforcer les peines des personnes coupables de terrorisme. Une mesure déjà prévue dans un amendement au projet de loi sur la procédure pénale en cours de navette au Parlement. Cet amendement proposé par l'opposition a été voté par l'Assemblée nationale le 8 mars en première lecture.

En vertu de cette modification, les peines jusqu'ici appliquées dans des cas de crimes contre des mineurs ou des membres des forces de l'ordre seraient étendus aux crimes liés au terrorisme. La peine de sûreté passerait alors de 22 ans à 30 ans. (nxp/afp)

(NewsXpress)

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