Littérature – Houellebecq promis à un best-seller avec «Anéantir»

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LittératureHouellebecq promis à un best-seller avec «Anéantir»

L’éditeur de l’écrivain a misé sur un premier tirage de 300’000 exemplaires, contre 400’000 en septembre pour la référence Guillaume Musso.

L’écrivain français Michel Houellebecq lors d’un débat à Paris.

L’écrivain français Michel Houellebecq lors d’un débat à Paris.

AFP

«Anéantir», le huitième roman de Michel Houellebecq, est arrivé dans les rayons vendredi et semble promis à un démarrage en trombe après avoir suscité déjà une myriade de commentaires et critiques, élogieux souvent, acerbes parfois.

Cette longue fiction (736 pages) anticipe les années 2026 et 2027 où «la France [est] en déclin» mais les élites bourgeoises ne s’en sortent pas si mal.

L’influent écrivain français n’est pas celui qui vend le plus de livres dans son pays. Mais Flammarion a misé sur un premier tirage considérable de 300’000 exemplaires, contre 400’000 en septembre pour le champion national Guillaume Musso.

Déjà traduit en plusieurs langues

Preuve de son succès au-delà des frontières: les traductions italienne («Annientare»), allemande («Vernichten») et grecque paraissent entre vendredi et mardi. L’anglaise attendra le second semestre.

«C’est le plus grand écrivain français vivant, d’une part. Et puis je pense que c’est contre-culturel: c’est un mâle blanc hétérosexuel, donc c’est ce qu’il nous faut aujourd’hui», disait l’un de ses fans hispano-argentins qui achetait le roman vendredi matin à Paris, Leonardo Orlando.

Michel Houellebecq, qui cultive une image de dépressif réactionnaire, s’est moqué lui-même de son succès dans l’unique entretien qu’il ait accordé à l’occasion de cette parution, au Monde fin décembre.

«J’écris pour recueillir des applaudissements. Pas pour l’argent mais pour être aimé, admiré». Et de comparer son métier à la prostitution: «On est content de faire plaisir».

Les provocations de cet acabit ne manquent pas dans «Anéantir». Entre remarques misogynes, xénophobes, piques contre la médiocrité culturelle et spirituelle contemporaine et mépris des pauvres, le narrateur houellebecquien, non identifié, envoie son lot habituel d’aigreur.

La critique partagée

Certains critiques, comme ceux de Mediapart, l’ont déploré. «Tous ces propos nauséabonds sont distillés par petites touches, comme en mode mineur», remarquent-ils.

D’autres, comme celui du Monde, lui ont trouvé beaucoup de finesse: «Les pages les plus poignantes de son roman sont celles où il parvient à faire surnager, au milieu de la solitude et de la déréliction, des gestes fugaces qui vous font pleurer».

«Ils ne semblent pas parler du même livre», a conclu le journaliste Daniel Schneidermann, après avoir lu ces deux critiques extrêmes.

L’Obs, les Inrocks, L’Humanité n’ont pas aimé du tout. Le romancier a dérivé loin des opinions traditionnelles de ces titres de gauche.

Les quotidiens Le Figaro et Libération, pourtant de bords opposés, sont tombés d’accord pour louer un récit abouti, tout comme le magazine Elle ou des journaux régionaux tels Ouest-France et La Voix du Nord.

(AFP)

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