Justice: Il restera en Suisse car pas expulsable en Chine ni «dans n’importe quel état»

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JusticeIl restera en Suisse car pas expulsable en Chine ni «dans n’importe quel état»

Un délinquant tibétain de 24 ans a recouru avec succès au Tribunal fédéral pour s’opposer à son renvoi de Suisse. Mon-Repos a annulé l’expulsion.

Le délinquant tibétain ne sera pas rapatrié en Chine car il y risquerait la torture.

Le délinquant tibétain ne sera pas rapatrié en Chine car il y risquerait la torture.

AFP

Reconnu coupable de vol, recel, agression et brigandage, un jeune Chinois originaire du Tibet  a été condamné à 30 mois de prison et interdit de séjour en Suisse pour une durée de huit ans par le Tribunal cantonal vaudois en décembre 2021. Le jeune homme de 24 ans a fait recours au Tribunal fédéral.

Risque de torture en Chine

L’instance précédente, la Cour vaudoise, avait spécifié que le renvoi devait se faire «vers un pays tiers, à l'exclusion de la République populaire de Chine», pays dont le prévenu est ressortissant mais où il risquerait de subir des exactions. «Le juge peut exceptionnellement renoncer à une expulsion lorsque celle-ci mettrait l'étranger dans une situation personnelle grave et que les intérêts publics à l'expulsion ne l'emportent pas sur l'intérêt privé de l'étranger à demeurer en Suisse. Selon la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral, le renvoi d'une personne d'ethnie tibétaine ne pouvait en aucun cas être exécuté vers la République populaire de Chine, puisqu'elle risquerait d'y être torturée. Mais en 2017, le Conseil fédéral a indiqué qu'il était «possible de renvoyer dans un État tiers des requérants d'asile tibétains déboutés». C’est ainsi que la Cour cantonale a prononcé l'expulsion vers un pays tiers, à l'exclusion de la République populaire de Chine. 

On ne peut fonder une expulsion sur de simples spéculations quant au pays de renvoi. Un «État tiers» ne peut à l'évidence pas être compris comme «n'importe quel autre État

Tribunal fédéral

Le TF a reproché à la Cour cantonale de n’avoir pas spécifié dans quel «pays tiers» elle envisageait d’expulser le prévenu. «Cette approche abstraite ne saurait être suivie. On ne peut fonder une expulsion sur de simples spéculations quant au pays de renvoi. On ignore si un établissement dans un autre pays serait possible. Il ne ressort aucunement du jugement que le recourant serait susceptible d'obtenir un permis de séjour ailleurs qu'en République populaire de Chine, dont il est ressortissant», a analysé le TF. «Le renvoi dans un État tiers nécessite que l'étranger y dispose d'un droit de séjour. L’État tiers ne peut à l'évidence pas être compris comme «n'importe quel autre État», sans aucune autre précision», a poursuivi le TF. 

D’autre part, le jeune homme n'a pas d’autres attaches qu’en Suisse et son pays d'origine, où il ne peut pas être renvoyé. Les juges de Mon-Repos ont admis le recours. La décision d’expulsion a été annulée. 

En Suisse avec toute sa famille

Le Chinois, qui ne sera finalement pas rapatrié, est né en 1999 au Tibet. Il est arrivé en Suisse via l’Inde, quand il avait douze ans, avec sa mère, son frère et ses deux sœurs. La famille a ainsi rejoint le père installé en Suisse depuis plusieurs années. Le recourant parle le tibétain mais pas le mandarin. Il n'a pas de passeport chinois. Le jeune homme, qui a un permis F, a fini la scolarité obligatoire à 15 ans. Il a entamé des stages et apprentissages mais aucun n’a abouti. 

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