«Ils buvent» et autres fautes d'orthographe: le remplaçant valide

Publié

Genève«Ils buvent» et autres fautes folles: le remplaçant valide

Des parents protestent contre le niveau de français d’un enseignant. Le directeur de l’établissement s’exprime.

par
Jérôme Faas
D’énormes fautes d’orthographe présentes dans un travail servant à préparer une récitation de conjugaison n’ont pas été repérées par le maître remplaçant.

D’énormes fautes d’orthographe présentes dans un travail servant à préparer une récitation de conjugaison n’ont pas été repérées par le maître remplaçant.

Getty images

«J’ai craignis», «j’avais apelé», «ils buvent»: les fautes sont si grossières qu’elles piquent les yeux. Las, ces orthographes folles n’ont pas ému un remplaçant officiant en 8P (élèves de 11-12 ans) à l’école primaire de Vésenaz. Corrigeant un travail préparant à une récitation de conjugaison, il les a validées.

Quatre parents, scandalisés, ont écrit leur dépit le 30 janvier à la conseillère d’État. «C’est surréaliste! Le directeur a été averti depuis des mois, nous a rencontrés, mais la situation n’a fait qu’empirer», dit l’un d’eux. La catastrophe dure selon eux depuis la rentrée. L’enseignant titulaire (qui corrigeait par exemple «telefone» en… «telefonne») est vite parti en arrêt maladie. Un premier remplaçant n’avait pas davantage satisfait ces parents. Puis est arrivé le dernier, ignorant les fautes les plus crasses.

Là, les parents ont haussé le ton: si d’ici le 7 février, rien n’est fait, ils considéreront «que l’État n’est pas capable de garantir un enseignement digne de ce nom à Vésenaz», engageront des frais pour y remédier à titre privé, et présenteront la facture au DIP, «au besoin en actionnant la justice».

La conseillère d’État Anne Emery-Torracinta a répondu aux parents avoir transmis leur courrier à la direction générale, «le département n’intervenant qu’en ultime recours». Au surplus, si elle juge leur questionnement légitime, voire leur colère, elle se dit «choquée par le ton employé et les menaces proférées».

«Situation sous contrôle»

Pierre-Charles Dagau, le directeur de l’établissement, dit n’avoir pris connaissance des griefs visant le second remplaçant que lundi. Il est «surpris» par les fautes validées, mais juge qu’elles ne disent rien de son niveau de langue. «Les faire soi-même ou les laisser passer, ce n’est pas pareil. Il a pu être distrait. Je ne tire pas de conclusions. Dès que le cas a été remonté, la présence du coordinateur pédagogique a été renforcée. La situation a été immédiatement prise en charge et est sous contrôle.»

Les notes sont bonnes, ça va

Face aux craintes, le directeur de l’établissement explique que les moyennes des écoliers constituent un élément indicatif pour évaluer l’enseignement. «Ici, elles dépassent 5, alors que les élèves ont été notés avec les mêmes évaluations et barèmes que leurs camarades de la classe parallèle.» Quant aux conditions pour être remplaçant au primaire, il s’agit d’avoir une maturité et de «maîtriser parfaitement la langue française», lit-on sur le site de l’État.

Ton opinion

334 commentaires