Vol AF 447: Interrogations sur les sondes «Pitot»

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Vol AF 447Interrogations sur les sondes «Pitot»

Huit jours après l'accident du vol Rio-Paris, les interrogations se concentraient mardi sur le rôle joué par les sondes «Pitot» qui permettent de contrôler la vitesse des avions et qui ont livré des mesures incohérentes aux pilotes de l'A330 d'Air France.

Pourquoi les syndicats de pilotes d'Air France ont-ils demandé lundi à la compagnie de changer ces sondes ?

La question du rôle des sondes dans l'accident a été soulevée quand le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête technique sur l'accident du vol Rio-Paris, a annoncé que les investigations montraient «l'incohérence des différentes vitesses mesurées» par l'avion avant sa disparition.

Les syndicats de pilotes ont demandé l'accélération du remplacement des sondes équipant les A330/40 d'Air France, au nom du «principe de précaution maximum». Les syndicats minoritaires Spaf et Alter ont même appelé le personnel navigant technique à refuser d'embarquer sur des A330/340 n'ayant pas au moins deux sondes Pitot modifiées sur trois.

«Il y a une convergence d'éléments qui conduisent à penser que c'est bien les sondes» qui «ont été mises en défaut» dans l'accident et incitent à «être plus prudent aujourd'hui», explique Michel Le-Bras, pilote sur A330 et membre du Spaf.

Les sondes sont-elles responsables de l'accident?

Le BEA n'a pour l'instant tiré aucune conclusion des éléments dont il dispose et appelle toujours à la prudence. Les sondes des avions A330 ont connu «un certain nombre de pannes», a déclaré samedi son directeur, Paul-Louis Arslanian, mais cela ne signifie pas que sans le remplacement des sondes, l'avion est «dangereux».

«La perte des trois informations de vitesse n'est pas à elle seule l'explication de ce drame» mais constitue un «facteur contributif probable», juge Erick Derivry, du syndicat SNPL.

L'enquête doit encore élucider d'autres circonstances de l'accident et en particulier le rôle éventuel des conditions météorologiques orageuses dans la région traversée par l'Airbus A330 d'Air France. Les A330 n'avaient jamais connu auparavant d'accidents mortels lors d'un vol commercial.

Les compagnies avaient-elles été alertées avant la catastrophe d'un problème sur ces sondes?

Il existait déjà un programme de remplacement des sondes Pitot, fabriquées par le groupe d'électronique Thales et qui équipent certains Airbus A320, A330 et A340. Mais il faisait l'objet d'une simple recommandation émise en septembre 2007 par le constructeur Airbus et était laissé «à la discrétion des compagnies aériennes», souligne-t-on chez l'avionneur.

Mais elle n'avait pas la valeur obligatoire qu'aurait eu une «directive de navigabilité» de l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA).

Ayant constaté des dysfonctionnements en 2008 sur un de ses avions, la compagnie Air Caraïbes avait décidé de changer rapidement l'ensemble de ses sondes.

Quand Air France a-t-elle commencé à les remplacer?

Chez Air France, les sondes ont d'abord été changées sur tous les moyen-courriers A320 après la recommandation d'Airbus.

Puis la compagnie a décidé de remplacer toutes les sondes de sa flotte A330/340 après des incidents constatés sur ce type d'appareils à partir de mai 2008. Le programme de remplacement a été lancé le 27 avril 2009.

Après l'accident du vol Rio-Paris, la compagnie a décidé qu'à partir de mardi 9 juin, tous les A330/340 auraient au moins deux sondes de nouvelle génération sur trois, selon le syndicat de pilotes (majoritaire) SNPL.

Un changement aussi rapide est jugé «impossible» par le Spaf.

(afp)

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