Ski de fond: «J'ai beaucoup travaillé tout seul»

De longues minutes après avoir franchi la ligne en vainqueur, devant les Norvégiens Martin Johnsrud Sundby et Sjur Roethe, le fondeur grison a confié les dessous de sa course du jour. C'est particulièrement dans l'ultime tour, couvert en skating, qu'il a bâti son succès, plaçant une attaque irrésistible que personne n'a été en mesure de parer. «Arriver dans le stade en solitaire, c'est vraiment un sentiment génial. Ca faisait partie de mon plan, a confié le nouveau champion du monde de skiathlon (une course de 30km en styles alternés). Je voulais vraiment remporter cet or et je me sentais très bien tout au long de la course.»

A la question de savoir s'il pensait avoir réussi la course parfaite, le skieur de Val Müstair a brièvement hésité avant de trancher: «oui», a-t-il lâché avec un petit sourire. Et pourtant l'épreuve a longtemps été incertaine. Le Norvégien Petter Northug, annoncé comme l'un des grands favoris et finalement quatrième, s'est plusieurs fois porté à l'avant pour tenter d'imposer le rythme. Avant que Sundby ne tente sa chance avec un raid en solitaire, prenant jusqu'à 16 secondes d'avance sur Cologna et les autres favoris. «Sans doute une tactique norvégienne, appliquée un peu trop tôt, pour forcer Dario à sortir de sa réserve pour partir en chasse.», a plus tard analysé la coach nationale Guri Hetland.

Mais le Grison ne s'est pas laissé décontenancer par cette attaque et a gentiment refait son retard, avant faire parler toute sa puissance dans les trois derniers kilomètres. «Tout était très serré et tactique. Quand Sundby est parti, je suis resté tranquille, mais personne n'a comblé l'écart, a observé le Suisse. Moi je voulais me battre pour l'or, pas pour l'argent. Alors j'ai bouché le trou moi-même. J'ai beaucoup travaillé seul, aujourd'hui (ndlr: samedi).» Cologna s'est montré très à l'aise dans les portions ascendantes, où il a pu attaquer ses adversaires, dont Northug. «La dernière montée était intéressante pour moi. J'avais déjà pu en profiter à Sotchi, en Coupe du monde, et ça m'a encore bien réussi ici. Il fallait que je fasse la différence, parce qu'on sait qui est le plus fort si on termine au sprint», a-t-il souri sans directement nommer Petter Northug.

Dans la course, Cologna a également connu quelques frayeurs mineures, comme lorsqu'il a chuté après plus d'un kilomètre, ou quand il a ramassé en plein visage une boisson que lui tendait un membre de l'équipe de service suisse. «La chute est survenue très tôt, donc ce n'était pas un gros problème, a minimisé le fondeur de Val Müstair. J'ai perdu quelques places, mais j'étais vite de retour. Quant au ravitaillement, je n'ai pas paniqué de l'avoir raté, parce qu'il y a deux postes à chaque fois.»

Samedi soir, après avoir passé au contrôle antidopage, le nouveau champion du monde a pu savourer son succès avant de penser aux prochaines échéances. «Mon prochain objectif est le 15km», a-t-il annoncé, confirmant qu'il ne disputerait pas aux côtés de Curdin Perl (bon 14e samedi) le sprint par équipe. «Je veux simplement me concentrer sur moins de courses et privilégier les individuelles (ndlr: le 15km mercredi, le relais 4 x 10km vendredi et le 50km du dimanche 3 mars), où j'ai plus de chances, s'est-il justifié. Ce n'était pas une décision facile à prendre, surtout vis-à-vis de Curdin». Ce dimanche, c'est donc la jeune paire formée de Jöri Kindschi et Eligius Tambornino (sélectionnés en tant que remplaçants) qui disputera cette épreuve.