Martigny (VS)«J'ai cru qu'il allait ensuite nous égorger»
Un quadragénaire a été reconnu coupable de tentative de meurtre. La procureure avait requis sept ans. Il écope de six ans de prison ferme.
- par
- Christian Humbert

Après sa sortie de route, l'homme s'est armé d'un couteau.
«J'ai cru qu'il allait ensuite nous égorger». L'ex-femme de Khaled* doit la vie à son compagnon de l'époque, Luc*. C'est en effet lui qui l'a poussée de côté lorsque Khaled leur a foncé dessus avec sa voiture dans le but de les tuer, fin juillet 2016 à Charrat (VS).
Annie * a cependant été atteinte et blessée à une jambe tandis que Luc s'est précipité vers la voiture sortie de la route après l'agression. C'est alors que Khaled a sorti un couteau. Luc, qui a mis trois ans pour s'en remettre, a reculé. Mais le quadragénaire d'origine marocaine n'a pas achevé le couple qu'il venait de prendre comme cible.
Il a aussi menacé les policiers
Après avoir fait les cents pas, l'homme, ivre, est allé se réfugier dans un mobile home où il a été maîtrisé le lendemain par la police. Non sans mal, puisque les agents, menacés avec un couteau, ont dû faire usage d'un lanceur de type flash-ball.
Comparaissant vendredi au Tribunal de Martigny (VS), Khaled, qui a fourni plusieurs versions qualifiées de «farfelues» par les parties plaignantes, présentes, et plusieurs fois par la procureure, conteste l'intention de tuer: «Je voulais faire un tête-à-queue pour discuter avec ma femme, dont j'étais séparé depuis trois mois. Je n'avais pas revu mon enfant depuis que j'ai dû quitter ma maison.»
Son sang n'a fait qu'un tour lorsqu'il a une nouvelle fois constaté qu'il avait été remplacé dans le cœur de la femme avec laquelle il avait vécu seize ans. C'est dès juillet 2016 qu'il a épié son épouse et son ami. Et c'est lors de l'une de ces surveillances q'il a vu le couple bras dessus-dessous cheminer dans un quartier résidentiel.
Khaled n'a jamais freiné
La route comportait des chicanes. Il n'a pu rouler qu'à 40 km/h lorsqu'il a foncé sur le couple par derrière. Mais Khaled n'a jamais freiné. La justice a pris la chose au sérieux: le prévenu a été incarcéré de juillet 2016 à mai 2017. Mais, comme il a roulé sans permis à peine libéré, il a à nouveau été placé en détention. C'est donc menotté qu'il a comparu.
La procureure Emmanuelle Raboud a réclamé sept ans de prison et un traitement institutionnel. L'avocate de Khaled, Me Marie Christine Granges, a insisté sur l'absence d'antécédents de violence et de volonté homicide. «Je voudrais tourner la page. Je suis à bout. Je me suis senti humilié», a déclaré le prévenu, très jaloux. Il a cependant écrit de sa cellule à son ex: «Redoute ma colère». Le tribunal a tranché: Khaled est condamné à à six ans de prison ferme avec un traitement institutionnel pour soigner son alcoolisme. Les juges ont suivi dans les grandes lignes le réquisitoire de la procureure, considérant aussi les faits comme graves et ne doutant pas de l'intention d'occire le couple.
*Prénoms d'emprunt