Samuel Schmid devant les médias: «J'ai pris ma décision la nuit dernière»

Actualisé

Samuel Schmid devant les médias«J'ai pris ma décision la nuit dernière»

Samuel Schmid jette l'éponge après huit ans au Conseil fédéral. Il a créé la surprise mercredi en annonçant son départ au 31 décembre.

Les larmes aux yeux et des trémolos dans la voix, le Bernois a évoqué devant les médias sa santé et la pression politique.

Le ministre a pris sa décision dans la nuit de mardi à mercredi. Il y aurait de nombreuses raisons «de rester, de résister afin de continuer de s'opposer à la pression et à la diffamation». Mais «huit ans au Conseil fédéral, bientôt 62 ans et des avertissements du côté de la santé doivent aussi être pris en compte», a-t-il déclaré.

Samuel Schmid a révélé avoir eu des ennuis cardiovasculaires au début de l'été. Après un traitement ambulatoire, il a dû prendre des médicaments anticoagulants. D'où le saignement de nez qui l'a forcé à interrompre la conférence de presse pendant vingt minutes. Puis est venue s'ajouter l'opération de la vésicule biliaire qu'il a subie vendredi.

Pression politique

Tous ces évènements se sont déroulés dans un climat politique délétère - avec l'affaire Nef et ses suites mais aussi avec les manoeuvres de l'UDC. En restant au gouvernement «j'aurais été l'otage» de mes détracteurs, a commenté le Bernois.

Même s'il reste convaincu que l'armée remplit pleinement sa mission, il admet aussi que des erreurs ont été commises. «Un sans- faute n'existe nulle part. Beaucoup de choses ont été réalisées, certaines doivent encore être améliorées», a fait valoir Samuel Schmid.

Depuis le début de l'année, le conseiller fédéral flirtait avec l'idée de ne pas finir la législature au gouvernement. Il en a parlé avec son parti et ses collègues du Conseil fédéral, mais a planifié son départ seul. Le ministre de la défense a dit avoir tranché après avoir pu régler plusieurs dossiers, dont le programme d'armement 2008 auquel le National devrait finalement donner son aval en décembre.

Le moment choisi pour annoncer son départ a provoqué une certaine surprise. Avec la crise économique, les regards s'étaient quelque peu détournés des remous dans le domaine militaire. La Société suisse des officiers (SSO) espère que son départ ouvrira le chemin à une discussion objective sur la politique de sécurité, dénuée de polémiques politiques.

Course à la succession

En attendant, les partis sont déjà suspendus aux propositions de l'UDC pour la succession du conseiller fédéral. PS, PDC et PRD ne s'opposent pas à un retour du parti au gouvernement, mais posent leurs conditions. Le respect des règles du jeu gouvernemental y figure en bonne place.

Christoph Blocher n'exclut pas une candidature mais espère ne pas devoir le faire. Parmi les papables, le président du parti Toni Brunner et le chef du groupe parlementaire Caspar Baader sont jugés trop proches de sa ligne. Le parlement pourrait leur préférer l'ancien président du parti Ueli Maurer (ZH), Bruno Zuppiger (ZH), Peter Spuhler (TG) ou Adrian Amstutz (BE).

Les Verts viendront peut-être brouiller la donne. Ils envisagent de lancer une candidature de combat.

Critiques à l'UDC

Selon Samuel Schmid, les règles de la concordance rendraient logique une candidature UDC. Mais le Parlement doit tenir compte de la culture politique et de la collégialité dans son choix. Si le Bernois s'est dit convaincu que certains UDC en sont capables, il a réglé ses comptes avec son ex-parti.

Certains préfèrent les calculs tactiques au bien commun, a-t-il déclaré. «Pour garder mon indépendance, j'ai été diffamé et exclu du groupe parlementaire». Attaché au respect du système de la concordance, il a appelé une nouvelle fois au respect des opinions divergentes et a réitéré sa conviction que «la polarisation n'appartient pas à notre culture politique.»

Les Chambres fédérales devraient choisir le successeur de Samuel Schmid le 10 décembre. L'élu devra selon toute vraisemblance reprendre les rênes d'un département relativement explosif, celui de la défense, à la tête duquel le Bernois aura passé huit ans. (ats)

Ton opinion