Berlinale 2019«J'aimerais être gentil une fois dans un film»
Le Vaudois Kacey Mottet Klein était dans la capitale allemande mardi pour la projection de son dernier long métrage.
- par
- Marine Guillain ,
- Berlin
Trois ans après avoir été sélectionné comme Shooting Star (meilleurs talents européens), Kacey Mottet Klein est de retour au festival du film de Berlin. Dans «L'adieu à la nuit», d'André Téchiné, le Suisse de 20 ans joue un jeune qui ment à sa grand-mère (Catherine Deneuve) et qui s'apprête à partir faire le jihad.
Comment se met-on dans la peau d'un tel personnage, qui a les idées fixes et ne pense qu'à atteindre son but?
C'était dur. J'essaie toujours d'aborder un rôle à travers des compatibilités émotionnelles, et là je n'en trouvais pas.
Les ours, trophées emblématiques de la Berlinale, sont produit chaque année dans une fonderie familiale berlinoise, la fonderie Noack.
Comment avez-vous fait alors?
Interview de Swann Arlaud à la Berlinale 2019
J'ai utilisé ma propre expérience. Comme mon personnage, je me suis converti à l'islam. A 14 ans, pour de mauvaises raisons. J'avais un ami musulman qui m'a dit de venir à la mosquée. Je l'ai fait surtout pour être plus facilement intégré dans un groupe d'amis.
Et ça a duré?
Deux jours! J'ai arrêté de fumer et de boire, j'allais prier et, après 48 heures, j'ai réalisé que c'était incompatible avec le mode de vie que je voulais.
Vous interprétez souvent des jeunes à problèmes, est-ce un choix?
Non. J'ai peut-être une tête à faire ça, mais je commence à m'en lasser. J'aimerais bien pouvoir être gentil une fois dans un film.
Enfant, étiez-vous du genre sage ou turbulent?
J'étais un cancre. Si le cinéma n'était pas venu sonner à ma porte, je pense que j'aurais mal terminé. C'est dur d'être différent en Suisse, de ne pas être banquier ou dans les assurances.
Vous voyez-vous faire autre chose qu'acteur?
De plus en plus je me demande si je ne devrais pas faire un métier plus pragmatique et rationnel, pompier par exemple. Quelque chose qui aide les gens de manière plus directe. Je me sens hypocrite en tant qu'acteur, je ne me sens pas moi. J'ai besoin de me sentir plus vivant.
Avez-vous des projets d'avenir, proches ou lointains?
Non, c'est une période de creux. Ce qui est bien aussi, c'est le bon moment pour se recentrer et se poser des questions. J'habite au Maroc en ce moment. J'ai découvert ce pays lors d'un tournage, je suis tombé amoureux d'une Marocaine et je vis maintenant avec elle à Casablanca.
Et la Suisse dans tout ça?
J'y reviens régulièrement. J'ai un cheval en Suisse, ma famille bien sûr, qui me manque. C'est un pays dans lequel je ne peux pas rester trop longtemps. Il me rappelle des mauvais souvenirs en terme de liberté, de possibilités de faire ce qu'on a envie de faire. Ceci dit ça reste mon pays, je le trouve qu'il est magnifique et qu'on a beaucoup de chance.