Jihadiste suisse en Syrie: «Je regrette. Je suis content d'être de retour»

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Jihadiste suisse en Syrie«Je regrette. Je suis content d'être de retour»

Un jihadiste romand, revenu de Syrie il y a quelques mois, a fait part de ses expériences la semaine passée à l'émission «Temps Présent» de la RTS.

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Sa voix a été modifiée par ordinateur et son visage est constamment à l'ombre. Interrogé la semaine dernière par l'émission «Temps Présent» de la RTS, celui qui se nomme Sébastien veut rester anonyme. Ancien combattant de l'Etat islamique (EI), il est rentré de Syrie en avril dernier. Selon les autorités suisses, il ne serait pas le seul combattant de l'EI en Suisse. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) pense qu'au total dix-huit jihadistes sont rentrés en Suisse (lire encadré). Trente et une personnes se trouveraient actuellement encore dans une zone de conflit. Son témoignage a été repris mercredi par l'émission «Rundschau» de la télévision alémanique.

Ce Romand du Nord vaudois raconte qu'il avait été emmené dans une villa située au nord d'Alep peu après son arrivée en Syrie. C'est à cet endroit que l'EI avait installé son camp de base jusqu'en janvier 2014. A l'aide d'une carte, Sébastien a indiqué au reporter de la SRF l'endroit où se situaient le camp d'entraînement, le dépôt de munitions et les habitations.

Une douzaine de recrues ont été entraînées au combat en même temps que lui. La maison dans laquelle il logeait était séparée en plusieurs parties. Au premier étage se trouvait la mosquée. Les chambres à coucher se trouvaient dans les étages supérieurs. Le rez-de-chaussée était strictement réservé aux futurs kamikazes. Sébastien raconte que les jihadistes lui ont laissé le choix de l'endroit où il voulait dormir. Le Romand a opté pour les étages supérieurs. Mourir en tant que kamikaze lui paraissait «bizarre». «J'étais venu pour mourir au combat au nom de l'islam.»

Traité comme un traître

Sébastien affirme s'être radicalisé sur internet. Il explique avoir été en contact avec un homme qui recrute des jihadistes dans toute l'Europe. Ils auraient conversé via Facebook et au téléphone. Le recruteur ne cessait de lui répéter la même chose: «Il est vrai que les combattants risquent leur vie pour défendre la population, mais ceux qui meurent vont directement au paradis.»

Après deux semaines passées en Syrie, le Romand a décidé de rentrer en Suisse. Il affirme s'être rendu compte à quel point il avait été naïf. Mais dès ce moment-là, les jihadistes l'ont traité comme un traître et un espion. «Ils voulaient m'exécuter comme tous les espions», raconte Sébastien qui a été ligoté et menacé avec une kalachnikov. Mais au lieu de lui tirer dessus, les jihadistes l'ont mis en prison afin qu'il choisisse son camp. Il a finalement été libéré après 54 jours. On ignore s'il a payé pour sa liberté ou s'il continue à travailler pour l'EI. Sébastien se contente de dire: «Je regrette ce que j'ai fait et je suis content d'être de retour en Suisse.»

Les jihadistes de Suisse

Le nombre de jihadistes de Suisse a explosé depuis l'an dernier: 55 départs ont été recensés entre 2001 et aujourd'hui, dont 35 depuis mai 2013. Six personnes sont mortes au combat, a indiqué mercredi le Service de renseignement de la Confédération (SRC).

Trente-et-un voyages concernent la Syrie et l'Irak. Les 24 autres sont liés à l'Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et à la Somalie. «Certains de ces voyageurs motivés par le jihad sont encore sur place, certains font la navette entre ces régions et la Suisse et d'autres sont rentrés», détaille Isabelle Graber, porte-parole du SRC.

En ce moment, trente-et-une personnes seraient au front. Dans 17 cas, cette présence est attestée. En revanche, 18 jihadistes seraient rentrés en Suisse, soupçonne fortement le SRC.

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