Christian Antonietti: «Je suis devenu raciste de métier»

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Christian Antonietti«Je suis devenu raciste de métier»

Le nouveau président du syndicat des gendarmes UPCP sort enfin de l'ombre. Rencontre avec un brigadier qui ne mâche pas ses mots.

Mathieu Cupelin/Shahin Ammane
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Mathieu Cupelin/Shahin Ammane
Christian Antonietti, président du syndicat des gendarmes genevois: «La cheffe de la police  n'a plus l'autorité qu'il faut pour mener à bien ses dossiers.» (Photo: sha)

Christian Antonietti, président du syndicat des gendarmes genevois: «La cheffe de la police n'a plus l'autorité qu'il faut pour mener à bien ses dossiers.» (Photo: sha)

A la tête de l'Union du personnel du corps de police (UPCP) depuis fin avril, Christian Antonietti est un fonceur qui ignore la langue de bois. A 49 ans, proche d'une retraite planifiée à 52 ans, il dit n'avoir rien à perdre à l'heure de négocier une importante réforme avec les autorités. Ce costaud aux origines corses livre une analyse crue de l'état de la profession dont il veut redorer le blason. Ses réponses sur des thèmes sensibles.

La lutte syndicale

«La police est obsolète, une réforme s'impose. Nous sommes prêts à négocier, mais nos acquis sociaux diminuent sans arrêt et nous sommes à bout. Je n'exclus pas des actions de lutte, c'est un peu ce que tout le monde attend, c'est la poudrière. Si on touche à notre pouvoir d'achat, nous descendrons dans la rue, c'est clair.»

La cheffe de la police

«Quand la conseillère d'Etat Isabel Rochat met sur la sellette Mme Bonfanti, je ne peux pas prétendre que tout va bien. Sa position est fragilisée. Je pense qu'elle est isolée et n'a plus l'autorité nécessaire pour mener à bien ses dossiers. Vouloir couper des têtes en pleine période de restructuration ne paraît pas être une bonne idée.»

L'image du métier

«A l'époque, j'étais très fier de mon uniforme. Maintenant, je ne dis plus que je suis gendarme. J'ai honte de ce qu'on est devenu, de la façon dont on est perçu. Comment imaginer qu'un jeune vienne faire le boulot difficile qu'on est en train de faire et se faire massacrer tous les jours? Avant c'était une profession attrayante. Aujourd'hui la première chose qu'on vous dit est: oui mais les droits de l'Homme, la déontologie, etc… Et les voleurs dans tout ça?»

Le racisme

«Il faut être très prudent. Le racisme professionnel existe. Moi, je suis devenu raciste professionnel. Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'à un moment, on en a plein le dos de prendre les mêmes et de recommencer. Des gens de certaines ethnies vendent de l'héroïne, d'autres vendent de la cocaïne. Quand je veux arrêter un voleur, je vais dans un milieu déterminé. Mais il n'y a pas de racisme sorti de ce contexte-là.»

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