Grève générale en France: reportage à Paris

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Immersion dans la grève«Je suis là pour des questions de survie»

Les Français ont répondu présent à l’appel à manifester contre la réforme des retraites ce jeudi. Reportage dans les rues de la capitale française.

par
Jessica Monteiro
(Paris)
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Le froid glacial n’a pas découragé les quelque 400’000 grévistes, selon les syndicats, qui sont descendus dans les rues jeudi à Paris, pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites.

Alors que la mobilisation concernait l’entier de l’Hexagone, où plusieurs villes ont connu des heurts et débordements, le cortège parisien, annoncé pour 14h, a mis plus de temps à se mettre en route.

Et si certains, aux environs de 15h, grimpaient sur la statue de la République, d’autres s’époumonaient en chantant du Daniel Balavoine revisité en s’adressant à Emmanuel Macron: «C’est pour ça que tu es président, pour de l’argent. 64 ans, ça me fait trop peur, ma retraite faut pas qu’elle s’en aille. Si vous touchez au fruit de mon travail, il faudrait pas qu’elle s’en aille.»

«L’argent, c’est le nerf de la guerre. On doit financer nos luttes afin de gagner en visibilité, aider nos camarades en difficulté»

Une militante du Parti communiste

Le long de l’avenue, divers stands de ravitaillement avaient un double objectif: motiver les troupes pour cette longue journée de revendications et remplir les caisses des différents mouvements. Car malgré l’ambiance bon enfant, les réclamations, elles, étaient très sérieuses.

«L’argent, c’est le nerf de la guerre. On doit financer nos luttes afin de gagner en visibilité, aider nos camarades en difficulté. Le gouvernement refuse d’augmenter les salaires, alors que s’il le faisait, les retraites augmenteraient aussi», a expliqué une militante du Parti communiste, rencontrée au hasard dans le cortège.

Lutter contre une «précarité grandissante»

«Je suis là pour des questions de survie. On m’envoie déjà au casse-pipe tous les jours, je peux pas me permettre des années de plus alors que je survis à peine», explique, de son côté, Philippe, 52 ans.

Sur le parcours, de multiples slogans et panneaux ont accompagné les militants, qui ont également usé de jeux de mots. «Augmentez les salaires, pas l’âge de la retraite», «Vous dépassez les borne(s) [en référence à la Première ministre]» ou encore «On ne mourra pas au travail!»

À proximité, des jeunes, tranche d’âge largement représentée dans la foule, ont hurlé qu’ils se sentaient «toujours invisibilisés, écrasés. Aujourd’hui, on ne laissera pas le gouvernement faire comme si on n’était pas là.»

Contestations de toutes parts

Il faut dire que l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) demande le retrait complet de la réforme. L’organisation estime qu’il s’agit «d’une peine et d’une précarité à perpétuité». Selon sa présidente, Imane Ouelhadj, «dans les faits, le décalage de la retraite à 64 ans sera à 67 ans pour nous, considérant que l’âge moyen d’entrée dans la vie active de cette tranche de la population en France est de 27 ans et qu’Emmanuel Macron demande 43 ans de cotisation».

Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF.

Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF.

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Un désamour pour le président

La plupart des chants et des manifestants ont tous présenté un point en commun: un vif sentiment d’hostilité envers Emmanuel Macron et son gouvernement, à l’origine de la réforme. Et le fossé s’est d’autant plus creusé que le président français se trouvait en déplacement en Espagne en ce jour de mobilisation.

Déterminé, le cortège s’est dirigé vers la place de la Nation aux environs de 19h. Il n’y a pas à dire: le froid de l’hiver n’a aucunement calmé les ardeurs des manifestants.

Retrouvez notre direct sur les manifestations ici.

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