Foyer de Mancy (GE) – Jeunes autistes maltraités: un audit détaille les dérives

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Foyer de Mancy (GE)Jeunes autistes maltraités: un audit détaille les dérives

Les experts ont pointé du doigt de graves manquements au sein de la hiérarchie de la structure et de l’Office médico-pédagogique, jeudi à Genève. 

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Anne Emery-Torracinta s’est défendue d’avoir été informée plus tôt que ce qu’elle ne l’admettait. Elle maintient sa position. 

Leïla Hussein 

«L’État a failli», a reconnu jeudi dans une ambiance électrique la conseillère d’État Anne Emery-Torracinta, chargée du Département de l’instruction publique (DIP), après la présentation d’un audit sur les dysfonctionnements au foyer pour jeunes autistes de Mancy.

Dans cette structure de l’Office médico-pédagogique (OMP), des cas de maltraitances ont été dénoncés avec des témoignages évoquant des pensionnaires frappés ou encore laissés dans leurs excréments. Deux enquêtes pénales sont en cours: l’une concernant la surdose de médicaments qui a conduit à l’hospitalisation d’un enfant en mars 2021, et l’autre pour «violation du devoir d’assistance ou d’éducation».

Un «mauvais départ»

Les deux experts mandatés par le DIP relèvent un «mauvais départ» dans un «contexte de forte demande et de pénuries de places»: une ouverture en 2018 «sous pression», une absence de projet institutionnel, des locaux inadaptés et vétustes, et une équipe pas assez formée et nombreuse pour la prise en charge de ces pensionnaires. Le rapport met en exergue des problèmes de communication, qui était «désordonnée et peu structurée». Des lacunes observées à l’interne du foyer, mais plus largement au sein de l’OMP.

Direction de Mancy et OMP mis en cause

C’est cette «accumulation de manquements à diverses strates de l’administration» qui a conduit aux dysfonctionnements et à la survenue de maltraitances, selon les auditeurs. Les faits «ont été sous-estimés» et n’ont été remontés au département que fin mars 2021, comme l’a toujours affirmé la magistrate, mise sur le gril (lire l’encadré). Les experts soulignent que «les responsabilités sont engagées tant au niveau de la direction du foyer que de celle de l’OMP».

La situation semble aujourd’hui s’être stabilisée, d’après le rapport. Ce dernier préconise une réorganisation du foyer en plus petites structures, une clarification de la communication, un meilleur dialogue avec les parents, la mise en place d’une surveillance externe ou, plus tard, un rattachement à une entité privée. 

Des foyers confiés à des privés

Des recommandations que le DIP adoptera, a indiqué Anne Emery-Torracinta. À ce jour, une vingtaine de mesures ont déjà été prises, d’autres vont suivre rapidement, comme la mise en place d’un contrôle des trois foyers de l’OMP. À moyen terme, la conseillère d’État prévoit de confier ces structures au secteur privé subventionné. Les conclusions des enquêtes pénales et d’un rapport parlementaire sur Mancy sont encore attendues.

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