John Howard veut empêcher l'entrée sur le territoire australien d'immigrants atteints du VIH
SYDNEY - Les immigrants atteints du VIH ne doivent pas être autorisés à pénétrer sur le territoire australien, a estimé vendredi le Premier ministre John Howard.
Les associations et spécialistes du sida ont accusé le chef du gouvernement de xénophobie et de perpétrer l'idée raciste que les immigrants, notamment africains, sont responsables de l'arrivée de la maladie en Australie. Ils se sont étonnés d'un éventuel durcissement législatif alors que la majeure partie des immigrants et réfugiés porteurs du VIH se voient déjà refuser l'accès au pays.
Alors qu'une radio, la Southern Cross Broadcasting, lui demandait vendredi s'il pensait que les personnes atteintes du VIH devaient être autorisées en Australie, John Howard a répondu: «Ma première réaction, c'est non». «Il pourrait y avoir des considérations humanitaires qui tempéreraient cela dans certains cas, mais a priori, c'est non».
Il a ajouté que le ministre de la Santé Tony Abbott «examinait les moyens de renforcer» la législation actuelle.
De nombreux pays, dont les Etats-Unis, restreignent l'accès sur leur territoire pour les personnes porteuses du VIH, même s'il y a parfois des exceptions. En Australie, les personnes atteintes de tuberculose sont déjà interdites à l'immigration.
Don Baxter, la Fédération australienne des organisations de lutte contre le sida, explique que les immigrants éventuels sont contraints de subir un test VIH. La plupart des candidats à l'immigration se voient refuser un visa au prétexte qu'ils pourraient être un fardeau pour le système de santé publique, ajoute-t-il.
C'est une «réaction hystérique», considère pour sa part Chris Lemoh, spécialiste des maladies infectieuses. Elle «mélange le racisme avec la phobie des maladies infectieuses», regrette-t-il. «Ne pas autoriser des gens à venir sur la base de quelque condition médicale est immoral» et «difficile à appliquer».
Depuis l'apparition du virus en Australie en 1982, 25 703 personnes ont été contaminées, selon le Centre national de recherche clinique et d'épidémiologie sur le VIH. Parmi elles, 9 827 ont développé la maladie, et 6 621 en sont mortes. (ap)