L'armée américaine prudente après la trêve de l'armée du Mahdi
Bagdad - L'armée américaine a accueilli jeudi avec prudence l'annonce par le chef radical chiite Moqtada al Sadr d'une suspension de ses opérations militaires.
Le Congrès américain a de son côté rendu un rapport très sévère sur les progrès réalisés en Irak.
«A chaque fois que quelqu'un en Irak, et particulièrement un chef, veut recourir à des méthodes non violentes pour résoudre les problèmes (...), nous encourageons cela», a déclaré un porte-parole de l'armée américaine, le lieutenant-colonel Chris Garver.
«Comme toujours, la preuve (de cet engagement) sera ce que nous constaterons sur le terrain», a toutefois souligné l'officier, qui a encouragé «chaque leader à oeuvrer pour mettre un terme à la criminalité et à chercher des méthodes non violentes pour faire avancer l'Irak».
Satisfaction de Bagdad
De son côté, le gouvernement irakien s'est félicité de cette «très bonne nouvelle» qui «contribuera à la paix et à la stabilité», selon le Conseiller national à la sécurité Muwaffaq al- Rubaie.
Moqtada Sadr a ordonné mercredi aux quelque 60 000 miliciens de son Armée du Mahdi de suspendre pour six mois leurs activités - et notamment leurs attaques contre les Américains -, après avoir été mis en cause dans des heurts sanglants survenus la veille dans la ville sainte de Kerbala. Ces violences ont fait au moins 52 tués et plus de 300 blessés.
Démentant toute implication dans ces violences, Moqtada Sadr s'est cependant engagé à purger le bras armé de son mouvement des groupes indisciplinés qui échappent à son autorité et entament la crédibilité de sa formation, la plus populaire au sein de la communauté chiite majoritaire en Irak.
Depuis des mois, les formations chiites en Irak se sont lancées dans une féroce concurrence pour le contrôle de la communauté. Des groupes liés à l'armée du Mahdi ont également fait sécession pour organiser séparément des attaques visant la communauté sunnite, faisant ombrage à l'autorité de Sadr et à la crédibilité de son organisation.
Rapport négatif
A Washington, un rapport du Congrès a dressé un bilan négatif des progrès réalisés en Irak. Selon ce document du Government Accountability Office (GAO), dévoilé par le «Washington Post», l'Irak a seulement atteint trois des 18 objectifs définis par les Etats-Unis dans les domaines politique et de la sécurité. Deux autres objectifs ont été «partiellement atteints».
Ces conclusions, qualifiées de «singulièrement négatives» par le «Post», diffèrent de l'évaluation plus positive de la situation fournie en juillet par la Maison blanche, qui faisait état de progrès «satisfaisants» pour huit des 18 objectifs.
«Des lois primordiales n'ont pas été votées, la violence demeure élevée et il n'est pas certain que le gouvernement irakien va dépenser dix milliards de dollars dans les fonds de reconstruction» comme promis, indique le rapport.
Les attaques contre les civils n'ont pas décliné et les forces de sécurité irakiennes n'ont pas gagné en compétence, affirme également le document.
Pas de «solution magique»
Selon le «Washington Post», le texte de 69 pages, qui doit être remis mardi au Congrès, doit encore être examiné par le Pentagone et pourrait être modifié avant d'être publié. Les parlementaires doivent encore recevoir en septembre l'évaluation, particulièrement attendue, de l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker, et du commandant des forces américaines en Irak, David Petraeus.
Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a toutefois assuré que l'évaluation des deux responsables américains ne contiendrait aucune «solution magique» pour mettre fin à la crise.
SDA/ATS