GenèveLes résultats de cette journée de votations
Les Genevois ont dit oui à l'initiative qui veut contenir le développement de l'aéroport. Ils ont balayé celle sur l'expérimentation animale. Celle de l'Asloca a été acceptée.

Le développement de l'aéroport de Genève devra être maîtrisé, ont décidé les Genevois.
Les Genevois veulent un développement maîtrisé de l'aéroport. Ils ont dit «oui» dimanche à 56,27% à l'initiative constitutionnelle «Pour un pilotage démocratique de l'aéroport de Genève». Le taux de participation s'est élevé à 36,82%.
Lancée en 2016 par la Coordination régionale pour un aéroport urbain, respectueux de la population et de l'environnement (CARPE), l'initiative pose le principe de la recherche d'un équilibre entre l'importance de l'aéroport pour la vie économique, sociale et culturelle et la limitation des nuisances qu'il génère. Le Grand Conseil devra approuver les rapports de la régie publique.
Soucieuse de maintenir l'autonomie de l'établissement, la majorité de droite du Grand Conseil a élaboré un contreprojet. Celui-ci a été refusé dimanche par 54,15% des votants. Un choix confirmé par la question subsidiaire, qui donne 55,04% des voix en faveur de l'initiative.
Pour les initiants, le développement de l'aéroport pose des questions de santé publique en raison de la pollution de l'air et du bruit dus aux avions. De 17 millions de passagers annuels, il est prévu d'en accueillir 25 millions en 2030, soit 236'000 mouvements d'avions, selon la fiche du plan sectoriel de l'infrastructure aéronautique (PSIA) adoptée par le Conseil fédéral en 2018.
Cette fiche détermine, de manière contraignante, les niveaux de bruit maximum auxquels l'aéroport peut exposer ses riverains. Elaborée par l'Office fédéral de l'aviation civile, avec le canton de Genève et Genève Aéroport, elle fixe une nouvelle courbe du bruit qui a eu pour effet une perte de valeur des biens immobiliers situés dans sa trajectoire.
Expérimentation animale pas plus contrôlée
L'expérimentation animale ne sera pas davantage contrôlée à Genève. L'initiative cantonale visant à modifier le fonctionnement de la commission cantonale pour les expériences sur les animaux a été refusée par 64,42% des voix. Lancée par la Ligue suisse contre la vivisection (LSCV), l'initiative populaire «Pour un meilleur contrôle de l'expérimentation animale» accordait à chaque membre de la commission un droit de recours contre les préavis sur les demandes d'autorisation. Cette disposition existe dans le canton de Zurich depuis de nombreuses années.
La commission cantonale pour les expériences sur les animaux est composée de scientifiques et de défenseurs de la cause animale. L'initiative demandait aussi que les deux représentants d'associations de protection des animaux proviennent d'organisations actives dans le domaine de l'expérimentation animale, permettant à la LSCV de siéger au sein de la commission. Les initiants critiquaient la hausse incontrôlée des expérimentations animales dans les universités.
L'initiative de la LSCV était combattue par le Conseil d'Etat, l'Université et les Hôpitaux universitaires de Genève. Selon eux, la législation suisse sur l'expérimentation animale est une des plus sévères au monde.
L'initiative pour des logements pour tous acceptée
Déclasser des terrains en zone de développement lors des périodes de pénurie de logements sera obligatoire à Genève. L'initiative de la gauche et de l'ASLOCA qui vise à ancrer cette pratique dans la loi a été acceptée par 50,4% des votants.
L'initiative «Construisons des logements pour toutes et tous: une priorité en période de pénurie» était combattue par la droite et les milieux immobiliers. Elle a été présentée sans contre-projet. Selon les initiants, seule la zone de développement permet de lutter contre la spéculation immobilière en imposant un contrôle sur les prix de location ou de vente pendant dix ans et en fixant des proportions minimales de logements sociaux. Cette pratique déjà existante est trop souvent remise en question, estiment-ils.
Le texte vise ainsi à rendre ces déclassements obligatoires par le biais de la loi d'application de la loi fédérale sur l'aménagement du territoire. La droite et les milieux immobiliers ont fustigé une rigidité excessive qui ralentirait le rythme de construction des logements. Le Conseil d'Etat doit conserver une marge d'appréciation pour répondre à des situations exceptionnelles, selon eux.
Utilisation des produits phytosanitaires limitée
L'utilisation de produits phytosanitaires sera fortement limitée dans le canton de Genève. La modification de la constitution genevoise a été soutenue par 89,41% des votants. Proposée par le PDC, cette modification constitutionnelle avait été acceptée par l'ensemble du Grand Conseil, au nom de la santé publique et de l'environnement. La nouvelle disposition, soutenue par le gouvernement, prévoit que l'Etat encourage le développement de méthodes alternatives permettant de limiter l'usage de ces produits, notamment par un soutien économique ou technique.
Zone agricole déclassée pour du foot
Les Genevois ont accepté dimanche de justesse, par 50,01% des voix, le déclassement de 12 hectares de zone agricole près de l'aéroport. La zone de Pré-du-Stand accueillera des stades de football et des surfaces d'activité. Ce déclassement au Grand-Saconnex permettra de réaliser un pôle de football dédié à la formation des jeunes du Servette FC et un centre de secours intercommunal. A ces infrastructures s'ajoutent 90'000 m2 destinés à des activités du secteur tertiaire.
Selon les référendaires, dont fait partie l'association Sauvegarde Genève, ce projet passéiste sacrifie de la surface agricole sur l'autel des profits des promoteurs. Ils estiment que Genève compte déjà assez de stades de football sous-utilisés et de bureaux vides. Les Verts et Ensemble à Gauche étaient du côté des opposants. Ce projet avait les faveurs de la droite et les socialistes
Le coeur du Petit-Saconnex ne sera pas densifié
Les Genevois ne veulent pas d'un projet de 200 logements au lieu-dit «Les Crêts» au centre du Petit-Saconnex. Ils ont refusé par 50,06% des voix dimanche la création d'une zone de développement qui était attaquée par un référendum. Les référendaires dénonçaient un projet démesuré dans ce périmètre à caractère villageois. L'association Sauvegarde Genève mettait en garde contre la disparition de grands arbres «au profit de quelques promoteurs».
Les riverains, fédérés au sein de l'association Sauvegarde du Petit-Saconnex village, avaient exprimé leur ras-le-bol face au «développement effréné du canton». La préservation de la qualité de vie et de la biodiversité a ainsi pris le pas sur la nécessité de construire des logements dans un canton où la pénurie est chronique.
La loi refusée dimanche devait permettre de construire des bâtiments de trois à cinq étages en zone de développement. Selon le Conseil d'Etat et la majorité du Grand Conseil, ce projet de 200 logements répondait aux objectifs du plan directeur cantonal 2030 qui prévoit une densification différenciée de la couronne urbaine dans les secteurs bien desservis par les transports publics. (nxp/ats)