GenèveL'école va déployer un plan anti-harcèlement
Dans chaque établissement, l'Etat va former enseignants et personnel administratif à identifier les cas de harcèlement.
- par
- David Ramseyer

L'objectif est clair: «briser la loi du silence», martèle la conseillère d'Etat Anne-Emery Torracinta, chargée de l'instruction publique (DIP). Son département a présenté ce lundi un plan de mesures pour lutter contre le harcèlement à l'école, et notamment le cyber-harcèlement. De 5 à 10% des élèves du primaire jusqu'au post-obligatoire subiraient des violences morales ou physiques répétées.
Détecter les cas le plus tôt possible
Un projet pilote qui concerne 9 écoles depuis 2012 sera étendu au reste des établissements d'ici 2018. Il entend former enseignants mais aussi concierges ou encore bibliothécaires à l'identification et la détection précoce de cas de harcèlement. Tous seront rendus attentifs aux micro-violences, comme faire tomber la trousse d'un camarade. «Le personnel apprendra à se poser des questions, souligne May Piaget, coordinatrice du dispositif «vie et climat scolaire». Le cas est-il anodin ou cache-t-il quelque chose de récurrent? Il faut essayer de différencier un conflit ponctuel du harcèlement.»
Des groupes de prévention et des cellules d'intervention seront constitués: ils serviront de référents à leur collègues mais aussi aux élèves. «L'implication des adultes aura ainsi valeur d'exemple pour les jeunes», espère Anne Emery-Torracinta.
La prévention, qui existe depuis longtemps dans les écoles via des ateliers et des débats avec les enfants ou des soirées destinées aux parents, sera renforcée. Le message passé aux jeunes? Même si les coups ne sont pas très violents, il ne faut pas les banaliser, ce sont des actes graves notamment lorsqu'ils sont répétés. «L'an passé, des avocats ont par exemple visité des classes d'école, note la conseillère d'Etat. Ils sont intervenus sur la thématique du harcèlement.»
Au-delà de la parole, qu'en est-il des sanctions contre les agresseurs? L'Etat entend agir au cas par cas et évoque le renvoi temporaire ou la suppression d'une classe de neige pour un élève fautif, par exemple. Mais il n'est guère disert sur cet aspect des choses.
Cyber-harcèlement: un acte pénal
Le DIP a aussi abordé le cyber-mobbing. Un quart des élèves harcelés dans les préaux ou en classe le sont aussi sur internet, via les réseaux sociaux notamment. S'il ne peut légalement intervenir sur les comptes des élèves, l'Etat souhaite renforcer sa prévention et son information dans ce domaine.
«Cela va dans le bon sens, il faut une action homogène qui regroupe élèves et adultes», analyse Stéphane Koch. Ce spécialiste reconnu des questions numériques enfonce le clou: «Les jeunes sont responsables moralement, voir pénalement, de ce qu'ils font sur les réseaux. Même s'ils se contentent de partager une vidéo ou de retweeter un message. Beaucoup n'en sont pas conscients.»
Pour Stéphane Koch, l'école genevoise pourrait aller encore plus loin dans sa démarche. «Pourquoi ne pas imaginer une boîte mail anonyme pour annoncer des cas de harcèlement et un numéro d'appel gratuit auquel répondrait un personnel spécialement formé au numérique?»
L'éducation à la culture numérique reste donc encore à améliorer, tant chez les jeunes que parmi le personnel des écoles.
Parents satisfaits
C'est un plan "fondamentalement nécessaire", selon le Groupement des associations de parents du primaire. Un regret pour sa coordinatrice, Anne Thorel Ruegsegger: les parents sont pour l'heure peu associés au plan d'action du DIP. "Mais faute de moyens financiers, je comprends que l'Etat se préoccupe des adultes concernés en premier lieu, soit ceux qui travaillent dans les établissements scolaires."