France: L'emprise psychologique au coeur d'un procès

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FranceL'emprise psychologique au coeur d'un procès

Thierry Tilly est accusé d'avoir persuadé pendant dix ans une famille d'aristocrates français de se couper du monde et de vendre à son profit tous leurs biens.

Le «gourou», Thierry Tilly.

Le «gourou», Thierry Tilly.

Le procès de cet homme de 48 ans, accusé d'avoir placé sous son emprise onze personnes d'une même famille et incarcéré depuis octobre 2009, s'est ouvert le 24 septembre devant le tribunal correctionnel de Bordeaux (sud-ouest).

Le procureur a requis jeudi contre lui dix ans de prison, le maximum de la peine encourue pour abus de faiblesse, et cinq ans contre son complice présumé Jacques Gonzalez, absent au procès en raison de son état de santé. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 13 novembre.

Pas un manipulateur

Selon l'avocat Me Alexandre Novion, Tilly n'est pas le manipulateur froid et calculateur qui, en une dizaine d'années, aurait conduit onze membres d'une même famille d'aristocrates protestants, les de Védrines, à se cloîtrer dans leur château de Monflanquin, près de Bordeaux, puis en Angleterre, et à se dépouiller de leurs biens (4,5 millions d'euros au total) à son profit.

La famille - la grand-mère, ses enfants et petits-enfants - avait été convaincue par lui que leurs vies étaient menacées par un complot franc-maçon mais qu'il était en mesure de les protéger moyennant finance.

«Thierry Tilly est sous le coup d'une double aliénation : celle du cinéma permanent qu'il se fait dans sa tête et celle du génie de Jacques Gonzalez» qui avait établi entre eux «un lien de subordination», a soutenu son avocat. «C'est une affaire de contagion morale», a-t-il estimé, réfutant la thèse de «l'emprise» défendue par l'accusation.

Relaxe demandée

Me Frédérique Dantin, avocat de Jacques Gonzalez, a demandé la relaxe de son client en estimant qu'il «n'avait pas connaissance de l'état de faiblesse des de Védrines».

Avocat de cinq des «reclus de Monflanquin», leur confrère Daniel Picotin a espéré que cette affaire convaincra le législateur d'améliorer la prise en compte juridique de la manipulation mentale.

Actuellement seule la victime d'un abus de faiblesse peut porter plainte, ce qui implique qu'elle soit sortie de cette sujétion.

Jean Marchand, dont la femme et les enfants ont fait partie des reclus de Monflanquin, s'est entendu pendant huit ans répondre par les autorités qu'ils étaient «majeurs, libres et indépendants».

Il a fallu attendre 2009, quand sa belle-soeur Christine s'est échappée du groupe et a porté plainte, pour que M. Tilly soit arrêté et le reste de la famille libéré de son emprise. (afp)

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