Sommet UE/Etats-UnisL'énergie russe au coeur des discussions
Les sanctions contre le secteur énergétique russe et la dépendance européenne à son égard ont été au coeur du sommet UE/Etats-Unis mercredi à Bruxelles.
Réaffirmant ses liens avec les Européens, Barack Obama a estimé que le monde est «plus sûr et plus juste quand l'Europe et les Etats-Unis sont solidaires».
«Les Etats-Unis et l'Europe sont unis» dans la crise ukrainienne et «la Russie est seule», a estimé M. Obama au cours d'une conférence de presse. Et Moscou a fait «un mauvais calcul» en pensant enfoncer «un coin» entre les Etats-Unis et l'Union européenne, a-t-il dit après un déjeuner avec les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso et du Conseil européen Herman Van Rompuy.
Durcissement des sanctions envisagé
Au troisième jour de sa tournée en Europe, Barack Obama a d'ailleurs précisé que Washington et Bruxelles envisagent des sanctions contre le secteur énergétique russe si Moscou prend de nouvelles initiatives en Ukraine. «Je pense que l'énergie est un élément central de nos efforts et nous devons l'envisager très fortement», a-t-il commenté.
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a appuyé ces propos. «L'annexion illégale de la Crimée» par la Russie est une «une honte» et «nous ne la reconnaîtrons pas», a-t-il dit, confirmant qu'en cas de nouvelle «escalade», «Européens et Américains étaient prêts à intensifier» leurs sanctions.
Appel à diversifier les ressources
Dans la foulée, le président américain a aussi exhorté l'UE à diversifier ses propres ressources et à ne pas se tourner uniquement vers les Etats-Unis pour réduire sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie.
En effet, l'Union européenne a acheté 133 milliards de mètres cubes de gaz à la Russie en 2013 soit un quart de sa consommation, selon les données publiées par la société russe Gazprom. La majeure partie de ces achats - 85 milliards de mètres cubes - arrive via l'Ukraine.
Le reste des achats de gaz à la Russie est acheminé par les gazoducs Nord Stream, Yamal et Blue Stream, qui contournent tous l'Ukraine et les Européens achètent également du pétrole à la Russie. Les Européens peuvent se tourner vers la Norvège et l'Algérie, mais ils perdront le bénéfice des prix avantageux consentis par Gazprom.
Exportations facilitées par le TTIP
Les mois prochains devraient cependant voir un changement dans la dépendance européenne à Moscou. Pour leur prochain sommet en juin, les dirigeants européens ont demandé à la Commission européenne un plan d'action pour s'en libérer.
L'accord de libre-échange transatlantique (TTIP), à la conclusion duquel Européens et Américains se sont à nouveau engagés mercredi, facilitera par ailleurs les exportations de gaz américain vers l'Europe.
Préoccupé par la défense
Sur le plan sécuritaire, Barack Obama s'est par ailleurs déclaré «préoccupé» par la baisse des dépenses de défense de certains pays de l'Otan, alors que «la situation en Ukraine nous rappelle que la liberté a un prix». «Nous devons avoir la volonté de payer pour la sécurité commune afin d'être en mesure d'avoir une force de dissuasion», a précisé M. Obama mercredi.
Dans ce but, les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Alliance atlantique se réuniront la semaine prochaine pour étudier les moyens d'«assurer une présence régulière de l'Otan dans les Etats qui pourraient se sentir vulnérables» face à Moscou, a dit le président américain.
Une décision qui va dans le sens des pays baltes et la Pologne, qui appartiennent à l'Otan et ont fait part ces dernières semaines de leur angoisse face aux initiatives de la Russie.
(afp)