Genève: L'Etat suspend le renvoi du requérant blessé

L'expulsion d'Ayop, jeune requérant d'asile blessé en novembre dans l'incendie du foyer des Tattes, est de nouveau suspendue. Le conseiller d'Etat à la sécurité Pierre Maudet a décidé de la reporter en raison notamment du dossier médical du requérant. L'homme aurait dû être envoyé en Espagne ce lundi. La Ville de Genève avait demandé vendredi la suspension du renvoi.

«J'ai étudié son dossier médical et j'ai eu plusieurs discussions durant le week-end avec les services compétents concernés, a indiqué Pierre Maudet lundi matin. J'ai décidé de surseoir à la décision de renvoi d'Ayop.» Le conseiller d'Etat a assuré avoir pris cette décision indépendamment des manifestations et des pressions qui agitent le canton depuis la semaine dernière. Ce lundi matin, des dizaines de personnes se sont à nouveau réunies avec pancartes et banderoles, sous les fenêtres de l'Office cantonal de la détention à la rue des Acacias.

Le jeune homme reste néanmoins en détention administrative pour l'instant. Et la menace d'un futur renvoi perdure. Son cas devrait être réévalué lorsque son état de santé se sera amélioré.

Les Verts ont crié victoire «contre la boulimie de renvois de Pierre Maudet». «L'ampleur du mouvement de solidarité est certainement pour beaucoup dans la décision d'annulation de renvoi, a avancé le parti dans un communiqué. C'est sans hésitation que les Verts se sont associés à cette lutte dès le départ, en participant aux différentes manifestations et en relayant les appels à se mobiliser contre un renvoi inacceptable.» A l'inverse, l'UDC s'est dit «consterné» par cette décision: «Il suffit donc que les associations pro-immigrés et quelques magistrats en mal de visibilité à trois semaines des élections se mobilisent pour que les autorités genevoises ou fédérales n'appliquent plus la loi qu'elles ont voulues et qui a été acceptée par les Suisses. Il a été correctement soigné et il doit à présent quitter la Suisse.»

Le Tchadien de 19 ans avait été arrêté au foyer jeudi à 9h et emmené à l'aéroport par la police. Une trentaine de personnes s'était mobilisées à la zone des départs de Cointrin pour empêcher son renvoi. Le requérant avait refusé de monter dans l'avion, ce qui lui avait provisoirement permis de rester sur le sol genevois.