Genève: L'Etat veut expulser l'auto de l'hypercentre

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GenèveL'Etat veut expulser l'auto de l'hypercentre

Le Conseil d'Etat a déposé un projet de loi divisant le canton en trois zones. La démarche n'est pas du goût des députés.

Jérôme Faas
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Jérôme Faas
Le Conseil d'Etat veut réserver l'hypercentre à la mobilité douce et aux TPG.

Le Conseil d'Etat veut réserver l'hypercentre à la mobilité douce et aux TPG.

Le Conseil d'Etat imagine un canton partagé en trois zones. L'hypercentre, où la priorité serait donnée aux TPG, aux cycles et aux piétons; les zones denses «par rapport à la moyenne du canton, notamment la Ville de Genève et Carouge», où bus et trams, mais aussi tous les deux-roues, y compris motorisés, seraient favorisés par rapport aux autres modes de transport; et partout ailleurs, où les véhicules cohabiteraient sans hiérarchie définie.

Contre-projet à l'initiative des Verts

C'est ce que propose le projet de loi «mobilité» du Conseil d'Etat. Il est censé offrir une base de travail aux députés qui élaborent un contre-projet à l'initiative des Verts prônant la priorité aux TPG. La démarche rend cependant sceptiques les élus qui ont, sous la houlette du PLR Daniel Zaugg, constitué une sous-commission chargée d'écrire ledit contre-projet, et qui voient ce projet de loi comme une tentative gouvernementale de leur forcer la main.

«Le timing nous laisse dubitatifs, réagit ainsi le socialiste Thomas Wenger. Nous avons jusqu'à cet automne pour déposer un contre-projet, et nous prendrons ce texte comme une simple contribution, ni plus, ni moins. On ne se sent nullement liés, mais je doute que déposer un projet de loi constitue la bonne méthode pour parvenir à un consensus.» Sur le fond, celui qui est aussi président de l'association Transports et environnement qualifie le principe des zones d'«intéressant». Là aussi, ni plus, ni moins.

«On continue à ménager la chèvre et le chou»

La présidente des Verts, Lisa Mazzone, est plus critique. Elle qualifie de «décevante» la copie du Gouvernement. «Notre initiative garde tout son sens. Là, j'ai l'impression que le statu quo est figé dans la loi. On a besoin d'avoir de vraies priorités. J'ai le sentiment que l'on continue, malgré tout, à ménager la chèvre et le chou.»

Plus encore que le fond, c'est la manière que regrette Daniel Zaugg. «Nous avions obtenu du conseiller d'Etat Luc Barthassat qu'il nous transmette ses travaux tels quels. Le Conseil d'Etat a, lui, décidé de déposer un projet de loi. Cela ne satisfait personne, car cela cristallise les oppositions, alors que nous cherchons, pour la première fois, à faire émerger une solution constructive au problème de la mobilité. Si on doit geler ce projet, on le gèlera.»

Voiture bloquée partout

Le député PLR juge en effet que seul le consensus peut extirper Genève des bouchons. «Pour la droite, il est impensable de ne penser que mobilité douce, mais je suis aussi prêt à reconnaître que les arguments d'en face ont du sens. Il y a une réalité: on ne peut pas continuer à penser que la voiture doit avoir accès partout. Finalement, elle n'a accès nulle part, car elle est bloquée partout.»

Le projet de loi sera renvoyé sans débat en commission des transports jeudi prochain.

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