Substance controverséeL'Europe interdit les biberons au bisphénol A
L'UE a décidé d'interdire à partir de mars 2011 la production de biberons contenant du bisphénol A, un composé chimique controversé.

Les pays de l'UE ont décidé jeudi d'interdire à partir du printemps prochain la production puis la commercialisation de biberons contenant du bisphénol A. Ce composé chimique controversé est utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires. Il fait également débat en Suisse, où il n'est pas interdit pour l'heure.
Les experts des pays de l'Union européenne chargés du sujet et qui se sont réunis jeudi après-midi, «sont parvenus à (un accord à) la majorité qualifiée sur une proposition de la Commission européenne» pour interdire le bisphénol A dans les biberons, a indiqué l'exécutif européen dans un communiqué.
La production de ces biberons sera interdite à partir du 1er mars 2011, puis leur commercialisation et leur importation à partir du 1er juin, a-t-il précisé.
«C'est une bonne nouvelle pour les consommateurs» et «pour les parents européens, qui peuvent être sûrs qu'à partir de mi-2011, les biberons en plastique ne contiendront pas de bisphénol A», s'est félicité le commissaire européen chargé de la Santé et de la Consommation, John Dalli.
La France et le Danemark ont déjà décidé unilatéralement d'interdire la fabrication et la commercialisation de biberons contenant du bisphénol A. Le bisphénol A est par ailleurs interdit au Canada, en Australie et dans plusieurs Etats américains.
Nombreux risques
Le bisphénol A est soupçonné d'augmenter les risques de puberté précoce chez les femmes, de cancer de la prostate ou du sein et d'anomalies de reproduction. De tels effets ont été observés chez des rongeurs en laboratoire, mais les industriels estiment que ces craintes ne sont pas scientifiquement fondées chez l'Homme.
Le composé chimique est utilisé par l'industrie pour la fabrication de biberons, d'amalgames dentaires, de bombonnes d'eau rechargeable, de bouteilles en plastique, d'emballages alimentaires ou de CD.
En Suisse
En Suisse aussi, le sujet fait débat. Au début de l'année, le WWF a demandé l'interdiction de cette substance. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) s'y est opposé, estimant qu'elle ne constitue aucun risque pour les consommateurs.
Ce n'est qu'à hautes doses que le BPA développe des effets négatifs sur la fécondité et le développement foetal, écrivait l'OFSP. Selon lui, une interdiction conduirait les fabricants à se tourner vers d'autres matières plastiques, dont la toxicité est moins bien connue. (afp)